mardi 11 décembre 2012

Mes excuses à Joseph Macé-Scaron


Mon sixième livre, "Pourquoi les gays sont passés à droite" (Le Seuil) est sorti en début d'année. Dans cet essai, je consacre plusieurs pages à Joseph Macé-Scaron, en réponse, avec beaucoup de retard, à son livre de 2001 "La tentation communautaire" (Plon) qui s'inquiétait des dangers possibles d'un communautarisme en France. Mon propos était de lui dire, précisément, que dans les domaines qui sont les miens (la musique, la culture en général, et plus particulièrement le militantisme gay et sida), cet apport communautaire n'avait eu que des aspects positifs.

Je considère que le combat des gays et des lesbiennes contre le sida est le plus grand cadeau de cette minorité à la société, et à l'humanité en fait. Les gays ont été à l'initiative de toutes les recherches sur cette maladie.

En fin de démonstration, je finis par dire que si Joseph Macé-Scaron est aujourd'hui  "vivant et apparemment en bonne santé, c'est parce que des millions de gays ont offert leurs corps à la médecine pour obtenir les multithérapies qui existent aujourd'hui". Mon point n'était pas de mettre en doute la bonne santé de Joseph Macé-Scaron. Je n'ai jamais voulu ici atteindre à sa vie privée. En plus de 20 ans de militantisme, je n'ai jamais joué cette carte car, dans ce milieu militant auquel j'appartiens, le respect du secret médical est la règle cardinale. On peut être très agressif sur de nombreux aspects politiques, mais ce secret est toujours respecté.

Alors, si ces propos dans ce livre ont pu faire du mal à Joseph Macé-Scaron, je m'en excuse publiquement.  Si Joseph Macé-Scaron a pu croire que je voulais le déstabiliser sur cet aspect de notre confrontation politique, qu'il sache que je m'en excuse aussi car je ne voulais pas le blesser.

Je pense humblement que notre époque est assez marquée de drames et de catastrophes pour alimenter un tel quiproquo. Mon but était d'apporter des arguments politiques et culturels au livre de Joseph Macé-Scaron. Jamais j'ai envisagé de porter un coup bas de la sorte à un opposant politique que je n'ai d'ailleurs jamais rencontré et avec qui je n'ai pratiquement jamais entretenu de correspondance. Tout ceci est une triste histoire et si ces mots d'excuses peuvent éclaircir en quoi que ce soit l'incompréhension qui nous oppose, je serai heureux de les voir publiés selon les modalités choisies par Joseph Macé-Scaron lui-même. 

lundi 10 décembre 2012

Weekend à Paris




J'aime aller voir Skyfall avec un homme que j'aime qui me tient la main pendant tout le film, qui rit pendant les moments drôles et qui me dit quand on arrive à la scène de Macao "Tu vois, c'est plus la peine de faire des films de SF, ça ressemble exactement à Blade Runner avec tous ces immeubles et ces pubs qui s'affichent sur tous les étages". Pendant le film, ma main est posée sur sa cuisse, juste pour être plus près, le sentir réagir quand 3 VW Beetle se font écraser par un Caterpillar avec Daniel Craig aux commandes.

Paris est sous la pluie et le vent, les prostituées de Marcadet Poissonniers font toujours autant de bruit la nuit, on les entend du 5ème étage de l'appartement de Robert qui nous a prêté son chez lui pour 4 jours, le dernier weekend avec celui que j'aime qui est tombé amoureux d'un autre. La veille, il m'a invité dans un petit restaurant africain de Château Rouge, un endroit qu'il m'avait montré lors d'un weekend au mois de mars, quand tout allait bien, même le fait de sortir en boite, quand tout le monde était heureux de me voir heureux. Dans le restau, il y a des Sénégalais qui disent à une autre table : "Quand j'arrive dans la banlieue de Dakar, je vois partout ces 4X4 énormes et je ne comprends pas comment ils font pour avoir des bagnoles pareilles avec un salaire de 1500 euros" et il y a des échafaudages dans la salle principale qui tiennent le plafond et le patron maghrébin parle de ce qui se passe en Egypte parce que c'est le vendredi avant les manif pro et anti Morsi. La nourriture est bonne, c'est notre première soirée, le lendemain, on va se faire couper les cheveux chez un coiffeur en bas de l'immeuble, 8 euros pour une coupe par un jeune Indou alors que le reste de la boutique est tenu par un coiffeur africain. Il y a donc deux radios qui mettent de la musique, d'un côté de la pop indienne mainstream et de l'autre du rap français pas mal. Ça va bien ensemble, on dirait un mash-up naturel, sans incongruité. L'après midi de samedi, on fait un truc interdit: aller dans le Marais car il a besoin de s'acheter du gel Silicone chez IEM et voir les bouquins de BD aux Mots à la Bouche. On s'en sort pas trop mal, pas de troll sur le chemin. En passant, on voit les graffiti GUD sur le Centre LGBT.

On n'a pas beaucoup d'argent donc on fait des trucs simples comme manger un kebab et regarder le vendeur turc qui est un gros nounours bandant avec un sourire gentil et un peu de poils qui poussent dans le creux de sa chemise bleue. Il me faut de nouvelles chaussures parce que mes Reeboks ont 2 ans et même si j'aime les sneakers quand ils sont usés, à un moment il faut en changer sinon les gens commencent à se poser des questions sociales et je trouve aux Halles des New Balance pas chères qui ressemblent exactement à celles que j'achetais il y a 10 ans à New York pour le tiers du prix de celles qu'on trouve à Paris. Toujours le même look, toujours fidèle à une marque même si tous les hipsters portent des trucs avec 25 nuances Pantone juste sur la semelle. C'est notre dernier weekend ensemble et j'ai décidé de faire les choses bien, pas de drame ou de reproches, pour que la séparation se passe bien même si je suis désormais officiellement seul et que ces 6 derniers mois de brolove m'on aidé à traverser un été pas drôle et un automne encore moins. J'ai RDV chez la dermato pour mon check-up annuel, tout va bien. J'ai RDV chez les avocats. Je dîne chez Alice qui me raconte qu'un ami commun lui a sorti récemment une phrase super drôle : "J'en ai marre de baiser debout" pour dire "J'aimerais bien rencontrer quelqu'un et faire ça chez moi, dans un lit quoi".

Après on se retrouve au Bonne Nouvelle avec une bande d'amis proches, on est assis sur une banquette au fond avec 2 jeunes pédés de 20 ans qui nous regardent comme si on était too much, exactement ce qu'ils ne veulent pas devenir, alors qu'il y a objectivement 2 ou 3 bombes parmi nous. On les terrorise un peu, juste pour rire, pas méchamment, du genre "On sait qu'on vous fait peur mais quand même, ça va, vous êtes gays aussi". Arnaud Crame met des disques bien, pas trop fort, exactement comme il faut. Je regarde mon barman préféré avec son look de brésilien intello funky bouclé poilu souriant mais il y a Bruno Juliard assis à une table dehors, beaucoup plus précieuse qu'à la télé, on est tous d'accord, et mon ex raconte que j'avais failli lui faire un truc shady à la gare de Saint Etienne il y a plus de 6 mois. Sur le trottoir et à l'intérieur de bonne Nouvelle, il y a facilement 10 personnes qui écrivent pour Minorités, et Themba me dit qu'il a fini un nouveau texte.

À un moment, on décide de prendre le métro pour aller à la Mona parce que j'ai beau être téméraire, mais pas assez pour affronter 200 personnes que je connais à la BLT où tous les gays vont ce samedi soir. Dans le métro, je vois des bandes d'étudiants bourrés de 20 ans qui chantent des trucs qui semblent sortir de "La Nouvelle Star" et je me dis Groumf. Bien que sur le quai, Arlindo montre à Asven comment il faut marcher sur un runway et il se met à danser comme MC Hammer dans Can't Touch This. Je fais des compliments à Marc en lui disant "Tu t'habilles comme un vrai gay désormais" mais il croit que je me moque alors que c'était bien sûr un compliment.

À Mona on arrive à 6 et Fred Pellegrino nous fait entrer, il y a Nick V à la porte avec qui je discute trop peu dans la nuit mais il est occupé et des fois c'est comme ça, on est arrivés assez tôt et le club se remplit avec beaucoup de monde qui, je dois dire, n'a aucune connaissance de ce qu'il faut faire pour ne pas bousculer les gens qui ont le malheur de boire une grande pinte de bière et qui traversent le dancefloor sans faire attention mais tout le monde me dit "C'est partout comme ça maintenant" et il y a même deux couples hétéros qui dansent le rock alors que c'est de la bonne house qui passe mais bon. Dans le backstage, il y a Fred Djaaleb et son boyfriend Martin qui est le seul mec de toute la soirée qui me capte en un regard, pas besoin de parler, je vois comment il est et il voit comment je suis. Il y a cette fille, Julia, qui commence une battle verbale en impro où elle insulte Kader et Fred et on rigole tellement que je dois m'assoir pour apprécier. She rocks! C'est sûrement un des plus glauques backstages que j'ai vus de ma vie mais c'est pas grave et derrière la porte Nick V et Mike Huckaby sont en train de travailler la foule comme il le faut, les 5 premiers mètres devant les DJ's, ce sont tous des kids de 20 ou 30 ans qui sont vraiment des amoureux de house. Vers 4 heures du matin, il me vient à l'idée que ça y est, je suis le mec le plus âgé dans le club, il y a encore des étudiants sur les tables qui chantent "HAPPY BIRTHDAY" pour une de leurs copines avec des bouteilles de Champagne et je me dis à nouveau Groumf, ça on l'aurait jamais vu avant tellement c'est corny. C'est la première fois que je sors en boite depuis que je me suis cassé la jambe cet été et ma cheville commence à faire mal.

Dans les peintures qui recouvrent les murs de la salle du bar de la Java, il des dessins complètement old school d'un Paris imaginaire des années... c'est assez difficile à dire... 50, 60 ou 70, je ne sais pas. Les gens passent sans vraiment regarder le narratif de la fresque mais je reste longtemps à observer les détails, la manière avec laquelle les arbres sont peints. Les étranges perspectives des immeubles, le vernis de crasse qui recouvre certaines scènes, le peu de personnages humains dans ce qui est, après tout, une illustration de vie urbaine d'une période oubliée, que les jeunes de Mona n'ont jamais connue. Je dis à Asven : "Le truc super cool, ce serait d'écrire 10.000 signes sur ces peintures que personne ne regarde" alors que cette salle de bar, dans la boite, a un côté vraiment agréable, avec des banquettes rouges de restau sur lesquelles on peut s'assoir. 

À 6 heures du matin, le club se termine et je passe la tête devant les platines pour faire un signe à Nick V, ensuite j'attends dehors avec Tom que Rodolphe sorte du bordel du vestiaire et on marche tous les deux en descendant vers République en blaguant sur les choses drôles et moins drôles de la soirée. Il a dansé toute la nuit et surtout à partir de 4h quand la musique est devenue plus techno, s'étonnant que le public ne réagisse pas plus à un classique de UR que tout le monde connaît. Il est content et moi aussi car je ne pensais pas rester si longtemps. Quand on rentre, on est contents de se mettre au lit après une douche, et je ne fais pas grand chose du dimanche, ma cheville fait très mal donc il faut attendre. L'après-midi, Rodolphe va à la messe et ensuite prend l'apéro avec ses amis et quand il rentre il fait une bonne omelette et des pattes et je lui dis en souriant : "C'est notre last supper" et lentement, en silence, il se met à pleurer. Je le console. Tout a été dit, il n'y a pas un caillou d'unfinished business qui n'ait pas été retourné et retourné et remis sur place pour tout se dire, on s'endort dans les bras l'un de l'autre et le matin il se lève à 5h pour prendre son train pour Saint Etienne. Moi je me rendors tout de suite dans son odeur du lit comme je faisais avant quand il partait travailler.

C'est fini.

Quand je rentre chez moi, la seule bonne nouvelle c'est qu'il fait beau sur Le Mans, pas un seul nuage, belle lumière d'hiver. Je n'ai plus mal à la cheville. Ma voiture m'attend à la gare, je passe au Carrefour m'acheter du tabac pour pipe à la vanille, c'est le seul endroit qui vend ça, je ne sais pas pourquoi. Comme toujours, je traverse la banlieue pavillonnaire de Condé-sur-Sarthe en me disant qu'il y a forcément un mec pédé de 25 ans gentil sexy qui m'attend dans toutes ces maisons, le soleil tape en plein dans le bare brise, j'espère que mon mototracteur sera livré demain pour tondre la pelouse et nettoyer un peu ce jardin pour les 80 ans de ma mère, le weekend qui vient.


mercredi 21 novembre 2012

Merci aux Femen!



L'action des Femen marquera sûrement le tournant de la mobilisation en faveur du mariage pour tous et de la PMA. Tout d'abord parce qu'elle a suscité une vague de soutien sans précédent face à la violence de la confrontation entre militantes vs CIVITAS. Mais surtout parce que cette action, dans sa forme et son esprit, renouvelle les modes d'action LGBT - tout en venant d'un groupe de femmes féministes.

C'est un peu comme en 1989. Il suffit qu'une quinzaine de personnes manifestent  d'une manière nouvelle et soudain, cela cristallise dans le visuel quelque chose que l'on attendait confusément. Pour les médias qui étaient présents et les activistes qui ont préparé cette action, c'est un moment décisif qui rappelle les premiers zaps d'Act Up.

En mieux. Plus moderne. Plus Now.

Regardons ces images et ces vidéos de manière graphique. Car c'est toujours l'image qui prime. Des filles nues (c'est leur marque) avec une typo vaguement gothique (mais parfaite) sur la peau, avec des slogans. Des extincteurs repeints en blanc avec marqué dessus, avec la même typo, "Holy Sperm". De la fumée. Une chorégraphie. Des cris. Une bousculade. Quand ces photos sont apparues sur FB, elles sont été partagées des centaines de fois en l'espace de quelques minutes, comme un acte instantané, spontané. Cela ressemblait à un tableau classique du genre "Le radeau de la Méduse". Ou une image des barricades de la Commune. Ou une image de mai 68 ou du festival Wigstock.

En fait, cela venait d'Ukraine avec des filles qui viennent s'engager en France avec la ferme intention de montrer comment l'agit-prop doit être fait aujourd'hui. C'est une initiative féministe et les références historiques sont innombrables. Il y a du courage, de la témérité, même un esprit suicidaire : se servir de son corps pour manifester presque nues, dans le froid, face à un groupe de droite très mobilisé. C'est très fort.

Graphiquement, donc, c'est une action qui a été pensée dans les moindres détails. Comme à Act Up, la "fabrication d'objets" a été simple et efficace : costume de nonnes résumé à l'extrême (c'est du Fellini!), extincteurs du BHV repeints en blanc (c'est le nouvel artefact qui remplace les vieilles cornes de brume) et une mobilisation des médias qui est importante à double titre :
- faire la photo ou la vidéo qui restera historique
- servir d'écran protecteur pour les militantes.
De nombreuses personnes présentes ont admis que si les médias n'avaient pas été là, il y aurait eu des risques de lynchage. Il ne faut pas oublier aussi, que les journalistes sont souvent plus que des personnes qui tendent le micro ou qui font des photos. Dans le cas présent, ils ont été invités à être témoins d'un évènement qui lance une dynamique. Comme à l'époque d'Act Up, ces journalistes veulent s'engager. Ils ont 30 ans, ils n'ont pas connu Act Up de la belle époque. Les Femen les inspirent. En étant ainsi présents, ils sont invités aussi à rejoindre le mouvement des Femen.

Donc c'est toujours la même recette : agir à travers les médias. Who cares si ça tourne mal, si des coups sont échangés (du moment qu'il n'y a pas de fracture grave, j'insiste), l'important c'est la photo, au delà de l'action. C'est la photo qui va devenir virale, qui traverse les pays et le temps. Qui fige un moment. Et à tous ceux qui disaient depuis des années, malgré Occupy et Anonymous, que les actions activistes LGBT appartenaient au passé, voici la preuve, avec les Femen, que le renouveau est là, qu'il est possible, qu'il fonctionne au delà de toutes les attentes. L'action des Femen est un électrochoc pour les LGBT car il peut donner des idées aux groupes d'affinité qui vont se préparer dans leur coin pour la grande manifestation du 16 décembre prochain.

C'est là où le militantisme bien organisé rejoint les flash mobs. Au lieu de présenter aux médias des kiss-in ratés devant l'Hôtel de Ville ou devant l'Assemblée nationale, sans banderole, sans effet visuel, sans son, sans ENCADREMENT, l'action des Femen aura servi à inspirer les LGBT avec des images percutantes. Désormais, n'importe quel groupe d'amis et d'amies de 10 à 15 personnes (ou 50!) peut désormais intervenir. Ce n'est plus du cirque de rue. C'est le retour aux affinity groups. Après tout, si l'inter-LGBT est trop molle, rien ne vous empêche de lancer vos propres actions, comme ce soir devant le sièdge du PS, à 18h30.

Il faut vraiment que vous regardiez United In Anger de Jim Hubbard. C'est pour ça que j'insistais pour que ces films soient projetés lors du festival Chéries-Chéris. Si on avait pu voir ces films, on aurait pu s'inspirer de ce qui a été déjà oublié. Par exemple, et après j'arrête avec ça : dans United in Anger, lors de la manif "Storm the NIH" d'ACT UP, on voit plusieurs personnes avec des fumigènes attachés au bout de perches de 5 mètres de haut. Et ces personnes se mettent à courir, traversant la manif, laissant derrière elles un panache de couleurs qui s'évaporent dans la foule et dans le ciel. C'est du spectacle! Quelque chose qui fait crier les gens de bonheur, d'être ensemble et de manifester! C'est fondamental dans l'esprit d'une manif qui demande l'égalité pour toutes et pour tous! Vous DEVEZ voir ce film! Le 29 novembre par exemple!!
Et enfin, please, demandez à vos amis graphistes de faire des pancartes! Demandez à Pascal Colrat, au moins! Le 16 décembre, il faudra être nombreux mais surtout il faudra sortir de cet état d'esprit misérabiliste du kiss-in de l'Hôtel de Ville car nous sommes obligés d'être inventifs! C'est ce qui va leur trouer le cul, à la droite et au PS! Et il y a encore assez de gens riches dans cette crise économique pour trouver les moyens de faire les choses d'une manière plus... glamour.

Donc merci aux Femen. Et n'oubliez pas, ce sont elles les militantes. Ce sont elles qui ont inventé cette action. Il faut les rejoindre. Il faut protéger leur siège. Il faut s'en inspirer. Il faut arrêter de récupérer leurs actions comme le fait Caroline Fourest (j'ai vu des articles du genre "Caroline Fourest et les Femen tabassées". NON, c'est "Les Femen sont tabassées, Fourest ensuite"). Il faut reprendre l'initiative dans le combat pour le mariage. Obtenir la PMA, coute que coûte. Refuser la "liberté de conscience". Et enfin, enfin, enfin, grâce aux Femen, mobiliser les gays du Marais qui restaient jusqu'alors en retrait. Ah la blague ultime! Les gays du Cox réveillés par les filles du Femen!!!

Si on nous l'avait dit!!!!

samedi 10 novembre 2012

Feeling Blue




Comme beaucoup de personnes, je me sens blue depuis quelque temps. Ce spleen se sent beaucoup sur Internet et dans les discussions avec les amis. Cet automne n'est sûrement pas l'automne "rouge" que l'on annonçait au mois d'août, avec plein de grèves et de soulèvements. C'est la rentrée de la grisaille politique et de la désillusion. Le mois d'octobre a été triste, difficile, et je ne connais pratiquement personne autour de moi qui n'ait pas de problèmes de sous. Certains jours, il n'y a vraiment rien qui fasse oublier ce bruit de fond de la société qui exprime la lassitude et le ressentiment. C'est à nouveau le temps des troubadours of gloom, les crooners of catastrophe.

En tant que gay, on se réveille tous les matins avec Google Alerte et à chaque fois, on se demande qui a pu sortir une énormité sur le mariage et la PMA. Je ne fais pas partie de ceux qui s'imaginaient que tout irait facilement pour cette loi et je rappelle sans arrêt qu'il y a eu de grandes manifestations dans les pays que l'on montre désormais en exemple comme l'Espagne. Et c'est normal. On est assez forts pour encaisser des coups pendant une bataille qui représente une forme de "finish" militant. Mais la manière avec laquelle le gouvernement patine sur ce qui est présenté comme "la première grande réforme sociétale du PS" donne envie de vomir. On le savait, on le voit désormais : personne n'a travaillé le sujet, la seule chose qui les intéressait était de gagner les présidentielles.

D'abord, si la PMA n'est pas votée, je considèrerai que cette loi comme un échec total. C'est pour les lesbiennes, ducon. Si ces dernières n'avaient pas montré, les premières, il y a déjà 20 ans et plus, qu'on pouvait élever des enfants dans une famille équilibrée, il n'y aurait rien. Grâce à elles, on a tellement de recul et de données, et c'est effarant d'entendre de telles bêtises dans les médias. Il y a un psy qui passe sur tous les plateaux télé et qui raconte qu'un enfant ne peut pas "s'imaginer" sans un père et une mère. Non mais c'est qui ce type... L'enfant se débrouille tout seul quand il est dans une famille solide et il n'y a presque rien de plus solide que deux lesbiennes qui veulent un enfant. Il y en a d'autres qui sont tout surpris qu'on puisse imaginer une école au Canada pour personnes LGBT, comme ça existe depuis déjà 15 ans à New York. Bon y'a des écoles pour cathos, juifs et musulmans, mais des pédés et des gouines et des trans, ça fait trop communautariste.

Mais ce n’est même pas ça qui rend triste. C'est cette répétition d'insultes, renouvelées chaque jour, en crescendo, qui montre encore une fois à quel point notre pays est vieux, en crise, à bouts de nerfs, et défaitiste à la fois.

Le jardin n'est même pas un réconfort. 5 mois après avoir cassé ma jambe, je ne peux rien faire qui dépasse une demi-heure de travail, autrement c'est trop douloureux. Le froid commence à entourer la maison. Le feu dans la cheminée fait du bien, c'est toujours un truc qui marche. Mais il y a sans arrêt ce bourdonnement dans la tête, un bruit qui rappelle qu'on n'est pas aimé dans ce pays et qu'on doit répéter des choses que l'on considérait comme acquises depuis au moins 10 ans. Il y a un tel décalage entre la société et ce qui se passe dans les minorités, au niveau de la base... car celles-ci avancent dans leur mécanisme de pensée, elles ont déjà assimilé ces concepts intra-communautaires qui ne font presque plus débat. On peut dire ça pour tout, des minorités ethniques, des LGBT, des écolos, des gens différents comme les handicapés : cette société n'est pas prête à évoluer sur ces sujets qui, pour nous, vont de soi. On est comme les musulmans. C'est à notre tour de sentir l'insulte répétée de Charlie Hebdo, du Point, de Caroline Fourest. On nous utilise pour faire diversion, comme si on était un panneau de signalisation routière. Genre "sens interdit" ou "éboulement".

Dans toute cette cacophonie et blah de bêtises, il n'y a pas une personnalité politique qui ait décidé de faire du ménage et de la PMA son combat. A l'époque du mariage de Bègles, Noël Mamère était droit devant. On le lui a reproché, je ne sais pas pourquoi, alors que c'est précisément le travail d'un élu ou d'une élue politique de se mettre en avant quand une question importante est posée au pays. En 2012, il n'y a même plus l'équivalent de Noël Mamère. Ils sont où, les Christophe Girard, Louis-George Tin, Jean-Luc Roméro, Caroline Fourest justement? Et ce pitoyable maire de Paris, qu'est-ce qu'il a à perdre désormais puisqu'il est sur le chemin de la sortie? Il y a encore des gens qui ont un agenda politique dans ce pays, au lieu de baisser la tête? S'il y a des députés gays à l'Assemblée, c'est le moment d'y aller (suivez mon regard). Il y a une opportunité de carrière ici! S'il y a des gays au gouvernement (suivez mon regard), ils doivent parler au nom du gouvernement. C'est comme ça que ça se passe, bandes de crétins. Enfin, dans la majorité des pays... normaux.

Nous entrons dans le froid de l'hiver et de la crise. La télé nous raconte déjà que les français vont dépenser comme d'habitude pour Noël. Apparemment, les gens continuent à acheter des conneries, je ne sais pas comment ils font. On attendait le changement dans ce pays, on a rien. Mylène Farmer est tout en haut des charts en France. Plus personne ne parle de la Syrie alors que l'hiver va tomber sur les réfugiés. Il se passe tellement de choses dans le monde que Twitter croule sous le poids de l'amertume. Facebook reste dans son monde joli-joli. Tumblr reste un tant soit peu libre. Je vais éteindre l'ordinateur. Jusqu'à demain, pour de nouvelles injures sur Google Alerte.

samedi 13 octobre 2012

Sur l'overshare






"Tu écris trop, je n'arrive pas à te suivre". C'est la punition que je reçois depuis des mois, comme si j'étais devenu un vecteur de fatigue. C'est pourtant ce que je voulais entendre il y a 4 ans quand je me suis mis sur Internet pour de bon. Mon idée, si vous ne l'avez pas saisie, c'était d'épuiser les gens. Quand on se retrouve au chômage à 50 ans, puni par la presse, vous vous dites : "Ah, c'est comme ça? C'est ça que vous voulez??? Vous allez en baver".



Depuis 4 ans, j'ai probablement plus écrit que pendant le reste de ma vie. Mon but était d'abreuver les gens de textes qui vont dans tous les sens. Musique, porno, politique, jardinage, you name it. À une époque où la procrastination est au centre de tout, l'objectif était de noyer les gens avec une parution de textes qui a même fini à une aberration : sortir non pas un mais deux livres le même mois.


Bien sûr, le secret, c'est de ne pas déraper. Plus vous écrivez et plus vous multipliez les risques de devenir le Renaud Camus du pauvre ou le Pascal Boniface pas cher. Les gens se lèchent le babines (comme on dit) à l'idée que vous puissiez déraper, dire le mot qui va trop loin, qui crée le scandale, qui vous enterre pour de bon. Vous êtes au chômage tout en étant au Who'sWho mais ça ne suffit pas. Ceux qui vous ont mis dans cette situation veulent que vous deveniez persona non grata, au-delà de tricard. Et il y a un plaisir à produire toujours plus sans offrir cette occasion de schadenfreude à ces ennemis qui vous suivent sur Twitter ou ailleurs, juste pour vous voir tomber dans un trou vraiment très profond. Les gens ont du mal à écrire? Ils sont bloqués dans les limites de leur train-train journalistique? Ils s'enferment dans le politiquement correct de leurs propres réseaux? Vous vous en moquez, texte après texte, jusqu'à la nausée, en attendant que quelqu'un remarque que le body of work devient indigeste. Les carnets de note et les bouts de papier s'amoncellent. "Ecrire un article sur ceci". "Ecrire un article sur cela". Tout stabilosser.



Je ne sais pas comment c'est pour vous mais je suis entouré de procrastinateurs. Je n'ai pas besoin de savoir où ils sont ou ce qu'ils font (ou pas), je les sens à distance comme un gaydar du blocage. Ils sont là à passer leurs journées devant la proverbiale page blanche de leur ordi. Et rien ne sort. Ils sont mal, ils enragent. C'est vraiment la maladie du siècle.

Tandis que moi, je ponds. Je prends le train, j'ouvre mon cahier et j'écris tout de suite. Je suis chez moi dans le jardin et j'écris. Je décide d'une journée off mais j'écris quand même. Avant, il fallait que je me prépare pour produire, désormais ça vient tout seul. Je suis une vache à lait. Je suis dans l'overshare. Ça ne sert à rien de se convaincre que c'est la rareté de l'écriture qui lui donne toute sa saveur. Ça c'est pour les gens riches, le 1% de l'édition et du journalisme, ceux qui sont assez bien payés pour cajoler leur chutzpah. Moi je suis comme ces pauvres Espagnols qui font les poubelles pour ne pas mourir de faim. L'écriture, c'est ce que je trouve par terre ou à la télé (c'est pareil) et si dans chaque texte il y a une idée, super, c'est juste ma dose journalière de vitamine D.


Il y a un truc magique sur Internet, c'est cette possibilité d'épuiser littéralement les gens. Les submerger de lignes et de lignes, exactement comme on peut submerger les gens de photos sur Tumblr et de considérations plus ou moins intelligentes sur Twitter. Vous êtes dans la société du gâchis? Nous voilà. Vous voulez des "angles"? Je vais vous en donner, moi, des "angles".

À ce stade de la démonstration, il faut quand même aborder le sujet central. Finalement, il y a très peu de gens qui écrivent des blogs. Autour de moi - et je connais BEAUCOUP de monde - ça se compte sur les doigts de la main. On nous dit tout le temps qu'Internet encourage l'écriture, toussa, mais en 2012, qui écrit réellement ce qu'il pense? Je ne parle pas des 140 signes de Twitter ou de la vidéo postée sur FB. Je parle d'un texte avec un début, un milieu, et une fin. Par exemple, sur la foule de folles qui sont passées par Act Up, qui écrit un blog de nos jours? Personne. Et toutes les folles que je connais qui sont devenues journalistes? Presque rien. Et ces folles radicales de Paris? Pas besef. Ensuite, si je poursuis l'inventaire, ils ne sont pas nombreux non plus à utiliser Twitter d'une manière un peu originale. On dirait qu'ils n'ont pas compris, c'est comme quand le Journal de 20h se met à nous expliquer, AUJOURD'HUI, la signification du smiley dans les SMS. Hello? Et Tumblr? Vous connaissez l'équivalent d'un Jean-Luc Romero qui posterait des photos de mec à poil?

Comme je suis mis sur Internet relativement tard (j'ai commencé FB en 2007 je crois), je n'ai pas fait partie de la première vague des blogueurs. Je pars donc du principe, et je l'ai répété plein de fois, que tout a été dit avant moi. Mais je réalise souvent, crétinette que je suis, qu'en fait non, rien n'a été vraiment dit, en tout cas sur les sujets qui sont les miens : le militantisme, le sida, la sexualité (la musique si quand même). Et je me pose la question : si Internet est un tel média d'expression, comment se fait-il que ces sujets soient si peu abordés? La recherche identitaire devrait être à son maximum. On devrait tout savoir. Le fait de parler de choses intimes devrait être la norme.

La réponse? En France, Internet n'est pas parvenu à casser le plafond de verre de la sacro sainte vie privée. Vous avez des dizaines de milliers de gays et de lesbiennes qui ont des idées super pointues sur tout mais qui ne prennent pas la peine de les exprimer car SINON, on saurait que c'est eux. Vous savez, ces gens qui ont des crises cardiaques dans les hôtels. Ou ceux qui veulent devenir Prix Nobel alors qu'on ne sait rien sur leur vie intime. Ou ceux qui sont tellement habitués à écrire des "notules" de 845 signes qu'ils ne savent plus construire un papier de 10.000 signes. Sans mentionner un livre. Je suis entouré d'une génération qui a littéralement perdu sa voix. Elle est devenue underground tout en étant mainstream. Ce qu'ils ont à dire, ils le disent à leur psy. Leur contribution littéraire à la pensée d'aujourd’hui ne sort pas du bureau du docteur. Toutes ces images qui défilent sur Tumblr, comme le fil de leurs fantasmes, ils ont peur de s'y associer car autrement, on saurait que c'est eux, vous comprenez? Tous ces films pornos qu'ils regardent, ils n'en parlent pas car sinon on saurait que c'est eux, vous comprenez? Toute cette colère politique qu'ils ressentent, ils ne l'expriment pas car sinon leur réseau serait fâché, vous comprenez?

Plus personne n'a envie de se montrer à travers Internet tel que l'on est vraiment. C'est comme ces kids sur FB qui sont plus inquiets à l'idée de nourrir leur besoin de peaufiner leur personnage plutôt que se montrer tels qu'ils sont, à un moment où ils disposent, précisément, de tous les medias pour se définir avec plus de précision.

Finalement, si je me montre de cette manière sur Internet, c'est que je n'ai rien à perdre. Je pénètre dans l'automne de ma vie, je suis au chômage, je vis dans le silence, la campagne m'entoure. Certains pourraient penser que c'est une impasse de carrière, une rue bloquée. Qui permet, justement, de crier fort. Mais ce que vous n'avez pas compris, c'est que l'époque est une impasse. Ces dix années  à venir, cette décennie perdue, c'est une impasse pour tout le monde. Donc : vous n'avez rien à perdre non plus! Votre réputation? C'est juste un truc pour vous empêcher de vivre.

mardi 18 septembre 2012

Botanic Poetic



Il est connu que le nom des plantes influe sur notre envie de les posséder. Quand on a un peu d'argent pour s'acheter une plante, par nécessité aussi quand il s'agit d'un fruitier, il y a tellement de choix que parfois c'est le nom qui va faire la différence. La musicalité de son appellation, soit latine soit courante, va développer une rêverie dans des affinités qui sont parfois très anciennes, comme l'enfance.

Le contre exemple le plus effrayant, ce sont bien sur les roses. Avec cette manie de marketing qui consiste à leur donner un nom de célébrité, souvent elle-même énervante (je vais rester poli cette fois), c'est un tue l'amour. Le dilemme, c'est que parmi ces roses modernes, certaines sont vraiment des trouvailles en matière de floribondité et de résistances aux maladies. Mais qui veut une rose Johnny Halliday? C'est le seul cas où le nom de la plante va vous faire reculer. Le reste du temps, c'est de la poésie brute.

J'ai un gros problème à parler des plantes du catalogue Baumaux depuis qu'un ami décédé m'a fait un topo complet sur cette entreprise. Mais avec septembre, les catalogues arrivent dans la boite aux lettres, c'est la saison des plantes et des graines, et les jardiniers passent de longues soirées à découvrir les nouveautés qui arrivent et les promotions aussi, quand ces plantes sont à la baisse. Et je reste malgré tout accro à ce catalogue avec des milliers de références et ces petits textes qui décrivent la plante. Il y en a tellement, ça me rappelle quand je stabilossais les charts ou les chroniques de maxis dans les magazines anglais de house comme DJ et Mixmag. Là ce sont des plantes mais c'est le même procédé. Une manière de décrire synthétiquement, parfois avec des mots codés (on est des fans de jardinage, sinon on ne serait pas sur ce catalogue) et parfois, boum, un pétage de plomps descriptif qui vient de nulle part.

Le grand délire de l'année, dès la cover du catalogue, ce sont ces monstrueuses tulipes à fleurs de pivoine, globuleuses, avec un deuxième champignon de pétales. C'est franchement incroyable, surtout la variété "Ice Cream" : pétales extérieurs verts, puis couronne de pétales framboise, puis cœur rehaussé blanc. Une vraie crème glacée. Bon, c'est cher donc inaccessible. Au mois de septembre, c'est surtout les bulbes qui sont mis en valeur. Et mes amis, la crise a beau être là, je trouve que les vendeurs ne baissent pas assez leurs prix. Moi j'achète désormais mes bulbes en fin de saison, parmi les soldes de Carrefour ou Leclerc. Je prends ce que je trouve, le moins cher possible, il y a toujours un coin éloigné du jardin où ça marchera. Il y a bien sûr des curiosités comme ces narcisses "Cyclamineus" avec des fleurs en arrière qui font penser "à un lèvre effrayé (les oreilles en arrière) ou à une bande de gnomes en conclave". En conclave? Qui a écrit ça? Particulièrement belles cette année, les tulipes Darwin "Long Lady" et la tulipe fleur de lys Merlot, je n'ai jamais vu une couleur pareille.

Toujours aussi dingue, ça fait 10 ans que j'y pense, l'arum "Dragon". Rien que le nom - qui produit une spathe pourpre marron de 40 cm de hauteur. L'ail "Hair" qui est complètement folledingue et hirsute (ence the name). Et mon préféré, toujours très bon marché vu l'effet que ça produit (75cm, il faut pas avoir peur d'en mettre partout, à ce prix!) le Nectaroscordum Sicilum au "parfum miellé, brun caramel strié de vert et de crème". Chez les hortensias, je disais, c'est la folie en ce moment. Après Annabelle, après Invicibelle, après Vanille-Fraise, après Magical Moonlight, c'est l'année d'Incrediball avec une fleur blanche pure, grosse comme un ballon de basket. Chez les clématites aussi, c'est la révolution depuis 5 ans avec par exemple Fair Rosamond (et pourtant je suis pas fan de clématites blanches) car celle -là est toute dans ses étamines rubis. Un truc hallucinogène. Pareil pour Florida Var.Sieboldiana, un truc qui doit faire badder le soir. Et puis, parlons-en, il y a toujours un article qui bénéficie d'un texte super long. Là c'est la plante magique totale, le Goji, qui mérite un texte de promo intégral :

arbuste originaire de l'Himalaya, feuillage caduc, aux petites baies rouge ressemblant à une petite cerise allongée, appréciées pour son goût légèrement sucré, utilisées en fruits frais, séchés et en jus. Encore peu connus en Europe, ces fruits jouissent en Asie d'une formidable réputation médicinale. Riches en vitamines, minéraux et en oligo éléments, ces baies sont présentées comme un super fruits contenant 400 fois plus de vitamines C que l'orange et 13% plus de protéines que le blé entier. C'est aussi une excellente source d'antioxydants avec une très importante proportion de caroténoides, mais aussi 4 polysaccharides propres à ce végétal et que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Les baies de GOJI contiennent aussi : 18 sortes d'acides aminés, en quantités huit fois supérieures à celles trouvées dans le pollen. Elles contiennent les huit acides aminés essentiels, dont le tryptophane et l'isoleucine, 21 oligo-élements, du zinc au fer en passant par le cuivre, le sélénium et le phosphore, à poid égal, plus de bêta-carotène que les carottes, des vitamines, dont B1, B2 , B6 et E, des bêta sistérols, aux propriétés anti-inflammatoires.Le goji permettrait de renforcer les défenses immunitaires (propriétés anti-inflammatoires), de faire baisser la tension artérielle, le taux de cholestérol et de sucres dans le sang, d'améliorer l'assimilation du calcium, et de soulager le foie.Le goji est présenté comme pouvant être utile dans les cas de fatigue, de faiblesse immunitaire, d'hypertension, d'infection urinaire, d'excès de cholestérol, de prévention des troubles oculaires. Il permettrait aussi de freiner la croissance des tumeurs cancéreuses et de réduire les effets secondaires des traitements anti-cancéreux.Certains chercheurs estiment que cette baie fait partie des aliments qui pourraient retarder le vieillissement cellulaire.Cet arbuste de 150 à 300 cm peut être taillé pour améliorer la fructification, pousse en sol alcalin plutôt sec, en plein soleil, supporte des températures de-20/-22°, récolte 3-4 ans après plantation, fleurs violet.

Rien que ça!!! Mais c'est le fruitier que tout petit séropo devrait avoir! Toujours dans les catalogues de prolos, il y a le mini livret d'Hortiflor avec beaucoup de plantes avec parfois les plus petits prix, comme chez Jacques Briand (qui vaut son pesant de cacahouettes comme on dit). Rien de particulier à mentionner ici À PART QUE beaucoup de plantes sont rebaptisées (so to speak) avec des connotations catholiques. C'est très jardin de curé quoi. Les plantes les plus banales comme les digitales sont les "Gants de Notre-Dame"; les roses trémières sont les "Bâtons de St. Jacques"; le verbascum est "Cierge de notre dame"; les primevères sont des "Herbes de St. Pierre" ou des "Clefs du Paradis". M'enfin, je crois m'intéresser depuis longtemps au jardinage et je n'ai jamais entendu parler de ces noms! Le Lychnis coronaria transformé en "Oeil de Dieu"! Vous imaginez aller dans une jardinerie et demander "Je cherche des "Clefs du Paradis", vous en avez en stock?"; De la Monnaie du Pape, Ok, on sait ce que c'est, ou les Cœurs de Marie, oui, mais le reste c'est pas très laïcité nan?

Chez les catalogues un peu plus upscale, il y a Promesses de Fleurs (oui je sais, ce nom), anciennement Schryve. C'est pas un catalogue d'achat pour moi car c'est un peu cher mais parfois, on sait pas pourquoi, ils ont un item qui coûte beaucoup moins qu'ailleurs. Le design du catalogue est parfait, sobre, très belles couleurs, beau papier brillant, typos simples. Et parfois aussi, ce catalogue est unique car on tombe sur une plante rare qui vient de sortir ou qui est enfin produite à grande échelle comme l'euphorbe "Tasmanian Tiger". Rien que le nom! Un Tigre de Tasmanie dans votre jardin! Ou l'hydrangea Paniculata "Phantom". Un nom qui fait peur pour un de ces hortensias modernes super résistants qui font des fleurs de 40 à 50 cm de large, tout blancs. Un effet de folle qui crie à sa fenêtre par clair de lune.

Et bien sûr le catalogue Thierry Denis dont j'ai déjà parlé plein de fois. Là on est dans le domaine des noms de vivaces qui sont toutes dédiées à un botaniste souvent européen de l'est comme l'aster novae-Angliae "Alma Pötsche" ou l'hélénium "Kuppersprudel" ou la monarde "Schneewittchen" et j'en passe les meilleures. Mr Thierry Denis se retient davantage sur les descriptions de plantes, à une époque c'était devenu une sorte de délire de l'écriture pour toutes les dames de 50 ans folles de jardin qui ne juraient plus que par lui (Courson quoi)... Mais il sait exactement ce que recherchent ses clients : des plantes qui deviennent énormes en nécessitant le moins d'effort. Souvent, il encourage ses clients à  refuser "toute pitié" envers tel pavot oriental "Catharina" (traduction coupez à ras quand ça a fleuri) ou quand il dit que de tous les lythrums virgatum, "Dropmore Purple" est le plus résistant au sec (le seul problème de cette super belle fleur sauvage des fossés). Ou que l'aster pringlei "Monte Carlo Double" est "le dernier sourire du jardin avant l'hiver". Bon ça, n'importe quel jardinier qui se respecte veut avoir la DERNIERE plante qui fleurit tout pimpante quand c'est sous la brume humide et déjà froide.

Choisir une plante parce qu'elle s'appelle Dropmore Purple ou Dragon, en plus, c'est très masculin.

samedi 4 août 2012

Le jardin se perd


C'est en discutant avec des amis que je réalise à chaque fois que les habitudes du jardinage se sont déjà perdues et que les gens rêvent de savoir comment ça se passe, comment il faut faire. Vous donnez un conseil tout simple de traitement par pulvérisation contre des maladies des rosiers et vous partez du principe que tout le monde sait ces trucs élémentaires. Mais souvent un grand silence répond à votre discussion téléphonique ou un regard interrogateur apparait sur le visage de cette personne. On ne comprend pas ce que vous dites. C'est particulièrement vrai à Paris, par exemple. Avec tous ces jardins sur les toits et ailleurs, on pourrait s'imaginer que les gens sont assez érudits pour s'occuper de leurs plantes.

Donc ce qui me paraît évident m'empêche d'écrire dessus car j'ai toujours l'idée que tout le monde connaît les gestes élémentaires et surtout que mon interlocuteur sera meilleur que moi. C'est un complexe de mec qui a grandi à la campagne. Je m'empêche d'écrire sur ces sujets car ce sais qu'un jardinier (pas plus loin que derrière ma haie d'ailleurs)  s'exclamera en lisant ce blog : "Mfgrrrr mais on sait ça depuis TOUJOURS (quoi)!".

A part que tout le monde n'a pas un blog rococo aussi cool que le mien. Alors je répète ma proposition : ne serait-il pas temps pour une revue, quelque part, de consacrer une chronique sur ce qu'est un jardin, sortir du "How To" tout en y revenant régulièrement, expliquer pourquoi on rêve d'avoir un jardin quand on n'en a pas, pourquoi c'est si excitant quand on en a un, qu'est-ce que ça apporte, pourquoi jamais jamais jamais dans la presse du jardinage on ne parle de ces moments qui "cimentent" l'amour du jardinage, quand on se relève de 3 heures d'épandage de compost dans les massifs et qu'une brève rafale de vent traverse le jardin, une odeur vient des champs ou d'un feu alentour, et puis il a cette étrange lumière qui vient du fond de la vallée, la cloche du village vient de sonner, le jour d'hiver est en train de tomber, il fait encore bon, et cet attroupement de myscanthus really looks good this year, vous vous sentez bien dans le silence. Et le compost, à vos pieds, sent bon. Le rouge gorge est juste à deux mètres et il vous regarde.

Ce sont ces moments abstraits qui réveillent notre esprit lorsque l'on jardine et que l'on regarde son jardin, le cerveau est sous hypnose très très légère, c'est juste la concentration du travail bien fait. C'est comme quand on sculpte ou qu'on peint, mais dans ce cas précis on est face à la nature qui entre littéralement dans votre jardin, que ce soit une terrasse sur un toit, un tout petit jardin dans une cour ou un grand espace à la campagne. Le ciel, le temps, les oiseaux, les parfums, les graines, tout bouge d'un jardin à l'autre. Même dans ces affreux non-jardins du tissu périurbain, comme on dit, tout bouge.

Ce qui nous ramène au traitement pour les rosiers. En ce moment, avec la chaleur qui revient après deux mois de pluie, les jardins sont attaqués de partout. Les plantes ont leurs parasites bien à elles, vous voyez des pucerons sur les dahlias et les armoises, même sur certains houx, et bien sûr les rosiers. Et vous n'allez pas vous laisser faire. Chaque journée compte contre les petites bêtes donc vous allez chercher ce pulvérisateur et non, je ne vais pas vous dire lequel acheter sinon on n'en sort plus. Pour les bêtes et les maladies, je conseille un produit écolo de Carrefour (donc pas cher) pour maladies des rosiers. Je ne vais pas vous donner la référence, ça serait grossier, et de toute manière il n'y a pas tant de produits écolos chez Carrefour dans cette indication.

Je l'aime bien ce produit parce qu'il est blanchâtre. C'est un liquide assez épais qui marque bien les feuilles avec une bonne adhésion. Il est très facile à diluer donc on n'a pas besoin d'en mettre beaucoup. L'avantage de ce produit, c'est de bien marquer les feuilles d'un voile de blanc. Pourquoi? Parce que vous serez sûr que vous allez ainsi traiter effectivement toutes les feuilles et les branches des arbustes, inside out. Cette peinture blanche sera bien efficace quand vous aurez commencé de traiter un poirier sur espalier; vous croyez avoir tout pulvérisé l'ensemble de l'arbre mais non, il manque cette branche, juste là,  qui n'est pas blanche donc ça veut dire que c'est pas fini. Il ne sert à rien de pulvériser vos plantes si vous laissez le même foyer infectieux SOUS les feuilles (en général, c'est là que les bébètes se cachent).

Le fait que votre arbuste soit blanchâtre peut enlaidir votre jardin pendant une semaine. Ou deux si c'est sec. Oui, un jardin naturel ne devrait pas être marqué par un produit phytosanitaire. Mais rappelez-vous les jardins des vieux fermiers : les plantes étaient toutes bleues, surtout les vignes, parce que l'on utilisait beaucoup la bouillie bordelaise. Souvent, à l'époque, cette couleur bleue se voyait sur les murs sur lesquels poussaient les vignes. C'était joli, c'était très sixties. Et puis, une bonne averse d'été nettoiera tout ça et pendant ce temps, vous aurez administré un traitement complet pour quasiment tout. Hortensias, buddleias, cornus, pruniers et fruitiers, tout est à traiter d'URGENCE car tous sont en train de pousser. Dans le nord de la France, avec toute cette pluie, le jardin n'arrête pas de grandir. Les rosiers remontants sont à leur deuxième ou troisième vague de floraison, les grimpants lancent de grosses tiges, tout ça est fragile.

Donc, rappel : regardez la météo. Il n'y a rien de pire que les gens qui pulvérisent leur jardin avant la pluie et tout ça, en plus de la pollution et du temps perdu, n'aura servi à rien. Si vous savez qu'un gros orage arrive, des fois l'impact de la pluie suffit à éliminer une grande partie des pucerons et autres bêtes. Traitez ensuite (s'il ne pleut plus hein!) car les pucerons qui restent sont un peu groggy, c'est le moment de les exterminer pour de bon. Toujours pulvériser le dessous des feuilles, même si c'est chiant. En fait, mon idée, c'est que le processus est plutôt jouissif. We kill bugs. Et ceux qui utilisent les insecticides et engrais naturels à base de purin d'orties ou de prêle ont le même plaisir en tuant toute cette vermine qui menace le beauté de votre hortensia Annabelle.

Et si vous détestez pulvériser vos plantes, il vous reste toujours la possibilité de faire un jardin avec uniquement des plantes qui n'ont jamais de maladies. Ah bon, ça existe? Bien sûr, oui ça existe patate. Je peux écrire sur ça aussi. Je peux vous faire des pages et des pages sur le pour et contre de l'éclairage dans le jardin avec toutes ces nouveaux systèmes de LEDS qui arrivent. Ou pourquoi n'importe quel jardin doit avoir une vista. Ou comment faire quand le gel est en train de tuer toutes vos plantes et que vous paniquez à 11h du soir. Ou des pages et des pages sur cet oiseau qui descend du tronc du pin la tête en bas (c'est le seul à faire ça!). Ou comment créer un jardin en pensant déjà aux changements provoqués par le réchauffement climatique. Ou comment créer une haie que vous n'aurez jamais jamais jamais à tailler.

Mais quoi que vous fassiez dans votre jardin, pensez toujours au hérisson. Si vous avez un hérisson, alors votre responsabilité consiste à le protéger. Le hérisson, c'est l'équivalent moderne de la petite tortue des années 60 (quand c'était encore possible d'en acheter). C'est une chance, un lucky charm.