mardi 6 mars 2012

Bonne Nouvelle et BLT



C'est un joli week-end à Paris, ce qui ne m'arrive pratiquement jamais et la ville est belle quand on est avec quelqu'un qu'on aime et qui vous aime. Parce que le fait d'être amoureux augmente le taux de dopamine, le vent était doux il y a deux semaines sur le boulevard Bonne Nouvelle en direction du bar du même nom que mon ami Robert a ouvert il y a 3 mois et des poussières et qui fait restaurant à midi. La tour du Grand Rex était illuminée, on sentait que le printemps arrivait, que tout irait bien, parce que certaines nuits sont gagnées à l'avance et que "your boner is my bonheur" comme on dit tous les deux.

À l'intérieur de ce bar qui fut l'ancien restau de Fabrice Gadeau où tous les DJ's du Rex venaient manger avant de jouer, la déco a été simplifiée et tout a été refait à neuf, un endroit qui fait face au MacDo du carrefour et qui n'a pas de voisinage, ce qui veut dire qu'on peut y passer de la house jusqu'à 2h du matin sans déranger quiconque. L'idée de ce bar, c'est qu'il y a trop de monde qui ne veut plus mettre les pieds au Marais pour boire un verre et ils veulent sortir avec leurs copines et amis hétéros sans se faire insulter comme dans certains bars de la Rue de la Verrerie, if U see what I mean. Grosso merdo, le concept est le même que celui de K.A.B.P. ou Otra Otra adapté à un bar, pas forcément ouvert à tous, mais fermé à personne, ce qui est un bon slogan publicitaire. Au début de soirée, on sert de la cochonnaille gratos et il y a ce barman, Joe, barbu, hétéro, jovial, rapide, cool, le genre de mec qui semble sorti d'un tecknival, wild mais gentil, et finalement tout ça est déjà beaucoup plus profond que la pétasse qui vous sert des bières pas fraîches ailleurs TOUT EN FAISANT LA GUEULE car en fait elle veut être à Los Angeles pour encourager The Artist.

Trois mojitos plus tard et the night is young and full of possibilities. Pierre est déjà là pour son anniversaire et a amené ses amis du Marais qui découvrent l'endroit. Ceux-là, ils sont allés partout dans le monde, ils ont tout vu, donc un nouveau bar pour eux c'est un épisode de plus de Coronation Street, un au milieu de 10.000. Orn est là, still looking good avec une chemise à carreau style LL Bean mais d'Abercombie d'il y a 15 ans. Son mari Elie est adorable, ça se voit tout de suite et comme je suis la dernière personne à le savoir, je leur demande comment ils se sont rencontrés il y a 5 ans. Orn me répond :
- Dans le Marais, il allait au Cox et moi j'étais au téléphone dans la rue et quand j'ai vu qu'il me regardait, j'ai cru qu'il draguait un autre mec derrière moi et je n'en croyais pas mes yeux
- Vous êtes allés au Cox ensemble?
- Non on est rentrés chez moi.
- Good boys.
Il y a Patrick Vidal qui passe avant d'aller à la BLT avec Gilles Beaujard et Mandel Turner arrive avec son turban à la Billy Holiday, moi si je portais un truc pareil je me ferais pourchasser dans la rue avec de la glue et des plumes mais lui, ça va, il est même butch avec ça sur la tête. Comme je présente mon nouveau mari à mes amis, il y a Eric et Fred que j'ai vus le week-end précédent à la maison, JLB qui est le seul dans le bar à avoir des cheveux en bonne santé, Hervé Lassïnce qui arrive avec son nouveau beau qui est une crème, Alice et Tewfic et la bande des avocats cools, un autre Fred qui part à New York 3 jours plus tard pour un nouveau job et qui a décroché un apparte là-bas AVANT MEME d'avoir son passeport, je lui dis "C'est formidable, tu vas échapper aux élections présidentielles, veinard". Il y a Alain, ce grand Syrien magnifique avec une barbe noire, profonde, de la vraie mythologie perse puis arrive cet immense kid black de 26 ans que Vidal me présente comme une révélation, une sorte de Sylvester des banlieues parisiennes et qui sait tout sur tout, Carlos Dalton arrive et met enfin de la musique un peu plus funky et tout de suite le son est plus sharp, plus clair, plus groove et je lui raconte mon histoire préférée sur lui quand, en 1995, j'était tellement au fond de la déprime sous Rohypnol que je l'avais suivi, lui et son mec, au Monoprix de Réaumur Sébastopol parce que je voulais juste voir comment deux mecs in love faisaient les courses et ça me rappelait trop la relation amoureuse que je venais de perdre.
Il me dit : T'es folle.
- Non j'étais désespéré et j'ai fait ça une seule fois dans ma vie, c'était avec vous.
Arrive ensuite un kid qui travaille à Respect Mag et je luis fais le compliment de la mort "Tu sais, votre numéro Noirs de France, c'est exactement ce qu'on voulait faire pour Têtu en... 2007 et vous vous le faites en vrai." Justement Gildas et là aussi et sent bon le savon de Marseille et Fred Otero arrive enfin avec Thomas et Marie. Je me retourne, le bar est plein et Robert est content. Arrivent les amis hétéros de Robert, le crew de Saint-Denis et j'adore ces mecs mais j'ai pas le temps de les embrasser comme il faudrait et mon mari me dit "C'est incroyable, c'est comme si je découvrais tous les codes gays que j'ai toujours voulu connaître, mais je suis toujours tombé sur les mauvais, ceux qu'on voit dans les mauvais endroits". Il est content et tout le monde dit qu'il a un regard qui respire la gentillesse, il y a un barbu super beau que je verrai plus tard à la BLT et qui danse très très bien, je me dis qu'il aura fallu attendre 20 ans pour que les gays ressemblent à Brad Pitt dans Kalifornia mais on y est enfin et ça valait le coup d'insister pour leur dire d'arrêter de se raser comme des branques, et tout le monde y gagne car ça fait moins de mousse à raser et de Gilette à acheter et bientôt les homos vont ressembler à Lissandro Lopez de l'Olympique Lyonnais, avec la même barbe pointue, c'est la marque du brotherhood gay comme le développe Lassïnce dans ses photos sur FB quand il parle de ses amis comme de ses frères; ce que les Noirs disent depuis des décennies avec brothers & sisters, qui sont les premiers mots du Promised Land de joe Smooth. Et après on va me dire qu'il n'y a plus de sentiment de communauté chez les gays, groumf.

Arrive le temps d'aller à Bizarre Love Triangle et on y va avec JLB, Alice et et mon mari, à la porte de Maxim's il y a Jenny Bel'Air qui fait toujours des leçons aux kids de 20 ans. Il faut l'écouter, c'est comme revenir à l'école : "C'est moi qui fais les règles ici, d'accord? C'est bien compris? Aujourd'hui vous ne payez pas, mais la prochaine fois je ne veux pas entendre un mot si je vous dis de passer par la caisse pour payer 10 euros d'entrée, OK?". Il y en a un qui est Espagnol et Jenny lui demande de parler en espagnol rien que pour s'assurer qu'il ne se fout pas d'elle. Lassïnce arrive avec son boyfriend et un garçon réalisateur qui beau que je lui dis "Tu es incroyablement beau". Moi j'étais allé qu'une seule fois à Maxim's il y a très longtemps au restau du rez-de-chaussée donc je n'ai jamais vu les étages car les garçons de mon époque, c'était impossible de pénétrer dans cet endroit si on n'avait pas un costume et des Churchs et là il y a des kids blacks et beurs qui entrent dans ce sommet du selector, et je finis par dire à Julien et Emmanuel de BLT : "C'est formidable parce qu'ici c'est Step Back Into Time mais d'avant Time, avant TOUT, et c'est formidable que vous puissiez faire venir les gosses de la banlieue à Rue Royale où jamais jamais ils auraient pu foutre les pieds" et quand ils rentrent chez eux, leurs parents leur demandent où ils étaient la nuit et ils répondent "Chez Maxim's" et tout le monde doit être fier de leurs enfants.

Tout est rouge et doré dans cet endroit et le fumoir est le plus joli de Paris je supppose même si on y trouve un bon tiers de folles insouciantes bourges, mais après tout ce sont elles qui font tourner le bar pour celles qui n'ont pas le sou. Heureusement, au milieu il y a la Bourette, qui avance vers Rodolphe avec les lèvres droit devant et il faut lui dire "Heu but yes but no but yes but yes but nooo arrête c'est mon nouveau mari quoi". C'est un club presque sans lumières, pas de flash ni de robolights qui clignotent, c'est une autre bonne idée et on danse sur de la moquette ce qui est assez agréable ma foi, même si c'est zarbi. Il devrait y avoir beaucoup plus de filles car c'est trop gay et c'est bien connu que c'est le mix de filles et de garçons qui fait le succès des jolis clubs. Et pourtant, il y a tout ici pour plaire aux filles, la musique, le décor, le prestige, la gentillesse des gens, moi si j'étais hétéro je viendrais draguer dans un endroit comme ça... Du coin du dancefloor où on s'est mis pour danser, on voit le backstage derrière le DJ avec la lumière qui passe par une grande fenêtre avec un de ces lampadaires immenses de la Rue Royale et ça donne un halo oblique qui ressemble évidemment à un tableau d'Edgar Hooper et je leur dis "Il faut absolument immortaliser ce moment" mais on danse, un tribute à Whitney, sous les encouragements du MC, Fred Otero est toujours le meilleur danseur que je connaisse, et de très loin, c'est un documentaire à lui seul, Jeffrey Hinton arrive et il me dit qu'il a un show à la Tate Gallery en avril, au fumoir il y a des folles de 22 ans qui détournent le regard quand on leur demande du feu, so shady, Il y a Hamid dans la queue pour les toilettes, Vix et son mari qui ont un truc à me dire mais qui disparaissent, ADD or what, et je danse longtemps avec un T-shirt qui ne me va pas, j'aurais pu m'habiller mieux vraiment mais je m'en fous, je suis avec mon loved one qui est heureux donc who cares. Christophe Hamaide Pierson arrive enfin, le dancefloor commence à s'éclaircir, Robert et Carlos arrivent aussi de la fermeture du Bonne Nouvelle, Alice me dit de rester sur le dancefloor jusqu'à la dernière minute, comme on faisait en boite, par respect pour les DJ's pour les applaudir quand c'est fini et après on se trouve derrière avec Vidal et les BLT qui ont l'air vraiment de princes de la nuit, cools mais calmes.

Dans la rue, c'est drôle pour attendre les taxis qui vont chez Alice qui tient absolument à nous faire venir chez elle car elle veut acheter de la soupe et c'est vrai qu'on a faim bordel. Jenny a disparu en vitesse car elle avait un "plan". On arrive chez Alice avec Vidal, les deux anges de BLT, Fred Otero et Rodolphe, et cette soupe achetée en bas chez les Indiens est yummy to die for, avec des croutons de pain et du champagne mais moi j'en bois pas parce que j'aime pas ça. Il est 8h et ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas empêché de rentrer à la maison plus tôt et je fais encore des compliments à Julien et Emmanuel pour qu'ils comprennent que c'est pas une parole de mec bourré. En partant, au métro Strasbourg Saint-Denis, on s'embrasse avec Fred et un mec qui passe sur le trottoir nous dit : "Et moi, pas de bisou?" et on descend les escaliers en se disant "Mais bien sûr, on aurait du l'embrasser aussi". Il est 9h, all is well, a good night out.