vendredi 7 octobre 2011
Le jardin, là maintenant
Oui, j'ai rien écrit de fondamentalement nouveau sur ce blog depuis deux mois à part ma déclaration pour Hubert Duprat et c'est pas comme si j'avais rien foutu, je suis resté blocada devant mon ordi tout l'été pour écrire deux bouquins et je reprends ce blog là où je l'ai quitté (conceptuel) : le jardin. Il est, comment dire, stupendous. Il a tellement plu en juillet et aout que je n'ai même pas eu à perdre du temps à arroser et en fait, je n'ai presque pas regarder le jardin pousser. Certains jours, je n'avais même pas le temps ou l'envie d'aller chercher le courrier.
En fait, tout ça était prévisible. Printemps très sec, été pluvieux, les agriculteurs du coin l'on vu venir et c'est pour ça qu'ils ont semé, en pleine canicule de fin du printemps, des champs de maïs qui demandent beaucoup d'eau. Ils ont fait le pari de semer une plante qui aurait été incapable de pousser si le manque d'eau persévérait et ils se sont dit que la pluie arriverait au milieu de l'été, quand le maïs pousse très vite avec la chaleur. Avec la pénurie de céréales à travers le monde, ils sont sûrs de faire des bénéfices record. Ils vont se faire plein de fric, comme en 2007. Donc la prochaine fois que vous les entendrez se plaindre à la télé, vous pourrez leur dire pouet pouet.
Le jardin est si beau chaque jour davantage que je n'ose pas m'en approcher. Je le jure. De mes fenêtres, je vois les miscanthus qui fleurissent à une hauteur que je n'ai jamais vue. Certains font bien 3m50 de hauteur. Au bout de trois ans, ce massif a bénéficié lui aussi de toute l'eau de l'été, des orages en pagaille, et tout se mélange, sans la moindre mauvaise herbe. C'est hallucinant de perfection et je rappelle que je ne m'en suis pas occupé de tout l'été. Donc le massif se tient désormais tout seul, c'est pratiquement impossible d'y pénétrer et chaque jour, chaque variété différente de graminée est en train de lancer ses têtes vers le ciel, on les voit pratiquement pousser. Contrairement à l'année dernière, où il avait fait sec et la majorité des miscanthus n'avaient pas fleuri, cette année tout le monde y va de son plumet, avec chacun une texture, une couleur et un duvet différent. Même le pied de Sorghastrum nutans "Indian Steel" qui avait végété pendant ses deux premières années de plantation est heureux avec ses tiges qui se dégagent bien au-dessus du feuillage. Pareil pour les miscanthus Purpurascens qui faisaient la gueule, leurs tiges se préparent et j'attends de voir ce que ça donne car cette variété est connue pour faire des tiges bien droites avec des plumets verticaux, ce sont eux que l'on voit souvent dans les films chinois ou japonais quand vous voyez des étendues d'herbes argentées qui ondulent sous la tempête.
Tout est vert, tout pousse, pour culminer fin septembre et octobre, le moment où tous les miscanthus sont parvenus en floraison. Je sais, tout ceci ne produit pas beaucoup de pollen contrairement au champ de cosmos que je plantais il y a 8 ans.
Mais il y a une foule d'insectes dans ces herbes et des bourdons sur les eryngeiums et bien sûr des campagnols. Hier soir j'ai vu sur le bord du massif, sur la pelouse, une longue crotte de la fouine qui vit sous le toit de ma maison : plein de poils de souris et un bout de coquille d'œuf d'oiseau. Funky. Il y a aussi les araignées magnifiques, les argiopes, qui se sont installées, que j'ai reconnues ensuite dans le "Guide de la nature, milieu par milieu". Une belle bête qu'on voit toujours la tête en bas dans sa toile, avec son ventre strié de noir et de blanc qui copie les couleurs de la guêpe pour faire peur à ses ennemis.
Les artichauts ont des têtes droites de 4 mètres de haut, je ne mens pas. Encore cette année, j'ai refusé de les manger car les fleurs étaient trop belles. Je les laisse sécher sur place pour l'hiver. J'avais beaucoup plus de chardonnerets à l'époque des cosmos, mais il reste quelques couples qui restent dans le jardin tout l'hiver et qui se nourrissent des graines qui s'ouvrent avec le froid.
Les grandes révélations de cette année, ce sont deux plantes achetées pour les tester. La première est Stipa capillata, qui a fait dès cet été une demie douzaine d'épis de 50cm de hauteur, un artifice de graines si fines qu'il faut vraiment s'approcher pour les discerner. Elles sont très douces quand on les prend dans la main pour les faire glisser à l'intérieur de la paume. Dès le première année. Je me demande comment ce pied sera dans deux ou trois ans, ce sera sidérant. C'est une plante à installer en groupe, c'est trop joli. Ou en pot.
La seconde, Elymus Hystrix, était vendue comme une graminée qui accepte la mi-ombre, ce qui est assez rare pour celles qui font plus de 80cm de haut. Et c'est vrai, je l'ai mise dans un pot pour la tester à l'endroit d'un nouveau massif que je terminerai cet hiver, sous un châtaignier, et elle est si impressionnante que tous mes amis à qui je la présente sont bouche bée (comme on dit). C'est une graminée qui dès la première année produit une jolie touffe de feuilles basales fines d'où surgissent de grandes tiges bien droites avec un goupillon au bout qui ressemble à un porc-épic (d'où son nom). On dirait un immeuble de Dubaï, un délire architectural : à la mi-ombre, dans le sous-bois, on voit ces étincelles qui captent le moindre rayon de soleil, surtout si le fond des arbres est sombre. Elle est généreuse, elle tient bien droit, une vraie tour, et si l'on cueille les tiges pour en faire un bouquet, elle produit une seconde vague au mois d'août. Je vais faire un massif avec 10 pieds de cette merveille!
Les anémones Honorine Jobert sont bonkers, les roses et les blanches, je sais c'est un cliché cette vivace, mais c'est la première année où elles sont si belles et elles envahissent le moindre espace entre les graminées. Les plus beaux sont les panicauts "Heavy Metal" avec des feuilles glauques grises en épis pointus qui se dressent très haut, et encore, je n'ai pas réussi à trouver les plus beaux de tous, le "Northwind" qui est supposé être une sorte de fusée verticale qui résiste à tout, même en hiver.
Le flop du jardin de cet été, c'est tout le côté nord de la maison qui ne s'est pas remis de la sécheresse du printemps, malgré la pluie arrivée en été. Tout a été raté dans ce coin, même les fougères qui ont été mangées par je ne sais pas quoi, je n'ai jamais vu des fougères se faire dévorer de la sorte. Les primevères sont presque toutes mortes, sympa pour ma fleur préférée, et même les primevères à étages sont si malheureuses qu'elles n'ont pas produit d'épis. C'est tellement dégoûtant que je détourne le regard. Les osmondes royales ont grillé, ça me rend vénère, le rosier Mermaid a trop souffert de la taille radicale que je lui ai imposée car il devenait ingérable à monter sur le toit de la maison. Je crois qu'il va mourir et tant pis, ça lui apprendra, c'est un rosier trop piquant. Vraiment, c'est un rosier magnifique, mais mettez-le dans un endroit abrité où vous n'aurez jamais à le tailler, c'est un baobab ce truc. De toute manière, je sais déjà ce que je vais mettre à la place.
Et puis les premières poires n'ont pas été bonnes, peu de goût, de toute manière elles sont arrivées en plein rush de deadline de rendu de livre et je les ai vues tomber au sol et se faire manger par les merles. C'est affreux d'avoir des fruits du jardin et de ne pas les manger, mais c'est comme ça, arrêtez de crier, j'étais tout seul et je n'allais pas avaler 2 kilos de poires par jour, je n'ai pas besoin de faire de régime moi, je ne suis pas du tout attiré par les mecs bedonnants, je suis naturellement svelte grâce au VIH. Fat Fat Fat is not my game.
Depuis, les autres variétés de poires sont délicieuses et là ce sont les noix, j'en ramasse matin, et soir et les châtaignes n'en parlons pas, j'en ai VRAIMENT trop. Bon, j'arrête, j'ai des amateurs de jardins qui viennent demain et il faut que je tonde la pelouse before the Germans get there.
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1 commentaire:
les 2 livres c'est pour l'époque où nous mettons nos souliers sous un arbre?
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