Deuxième jour de mania médiatique sur la mort de MJ. Franchement, je suis toujours un peu sur le cul quand les gens sont là, choqués par la nouvelle, dans le genre « OMG, je ne m’y attendais tellement pas ! ». S’ils étaient de tels fans, ils devraient être un peu au courant, non ? MJ pouvait à peine tenir debout, et ceci depuis plusieurs années maintenant. Il est probablement mort car il savait qu’il ne pourrait pas assurer, physiquement et psychologiquement, les 50 concerts londoniens qui devaient avoir lieu courant juillet. Le compte à rebours était lancé, et si MJ n’avait pas pu assurer ces concerts, sa ruine aurait été totale. Pour moi, ce décès est un suicide.
Sur Twitter, Eric Rug a dit quelque chose comme « Fascinant comment quelqu’un peut monter si haut et tomber si bas ». C’est vrai. Sur FB, si on a le malheur de dire quelque chose qui ne ressemble pas à de la guimauve commémorative, il y a tout de suite 40 personnes qui vous décommandent et surtout les copines qui vous incitent à trouver mieux dans le registre des « Pensées Profondes ». J‘ai toujours adoré MJ. Je l’aimais encore au moment de « Earth Song », quand beaucoup de gens l’avaient déjà laissé tomber. Je suis d’accord avec tout ce qui se dit sur son héritage, sur l’importance qu’il a eu dans la communauté noire et le reste du monde. Son style d’écriture est toujours d’actualité aujourd’hui, puisqu’il est copié à la lettre par Chris Brown et compagnie. Et les experts musicaux ont raison de dire que beaucoup d’autres artistes noirs ont tendance à éclaircir artificiellement leur peau dans les vidéos et pochettes de disques, avec du maquillage, l’éclairage ou Photoshop.
Now, quand on a dit ce point, et qu’on l’a développé, le bottom line c’est que Michael Jackson est une autre folle qui n’aura jamais fait son come out. Et je n’ai pas besoin de juger ou d’attendre une période plus longue de deuil pour aborder le sujet. Je suis fasciné par le fait qu’il disparaisse deux jours avant la Gay Pride qui célèbre les 40 ans de Stonewall et que personne ne soulève le sujet. She was THE closet queen of Pop. Peut-être la plus grande folle. Et je suis épaté de voir toutes ces copines autour de moi sortir des remarques totalement plates sur le ton de : « Mais il était tellement plus que gay ! » ou « Tu peux pas le juger, il n’est pas toi » (comme si je me comparais à MJ, je sais que je ne suis qu’un cafard à côté de lui). Bref, MJ was way beyond gay.
Je ne suis pas d’accord. Je suis toujours là devant une énorme mansuétude du public ou des gens devant le manque de courage des artistes. Qui a dit que David Hockney était moins un artiste parce qu’il était out ? Bien sûr, son art est bien au-delà de la question gay. Pourtant, il est ouvertement gay. Et je peux trouver des dizaines de noms équivalents qui, dans leur domaine, sont aussi importants que MJ. Regardez ce qui se passe en France. Christophe Willem sort un deuxième album et il n’arrête pas de se plaindre, en rigolant à moitié, que tout le monde lui demande s’il est gay. Alors, dis-le une bonne fois pour toute, et on arrêtera de te le demander, patate. C’est tellement gros sur ton visage ! Et en plus, je dois dire que je l’aime beaucoup, ce Christophe Willem, moi qui déteste la chanson française. D’un côté, vous avez une pensée militante qui salue quarante ans de pressions et de radicalisme, et de l’autre, une majorité de gays qui considèrent que ce radicalisme et ces pressions ont une limite dans l’atmosphère et que certains artistes sont « au-dessus de ça », très haut dans les nuages.
C’est du bullshit. Moi je vois que MJ est encore une folle qui aurait pu faire son come-out et qui meurt sans l’avoir fait, même si désormais, des livres et des livres vont être publiés qui aborderont plus en détail sa sexualité. Je trouve effarant que certains puissent encore considérer que la sexualité de MJ n’est pas si importante quand elle a été un des angles majeurs de sa carrière. Bref, une partie du public préfère penser que MJ état une sorte d’eunuque, un homme sans bite, sans érection, sans désir. Sans besoin d’éjaculer, pour être plus précis. La drogue, la morphine, les antidépresseurs, étaient une camisole chimique afin de contrôler cette sexualité qu’il fallait étouffer. Dans une perspective humaine, pas seulement militante, c’est une énorme tristesse et je ne crois pas que ce drama, car c’en est un, très moderne, soit si merveilleux qu’il puisse cacher l’échec d’une vie. MJ était la plus grande star, mais il a passé sa vie à se cacher. Et c’est ce qui l’a détruit. Le truc étrange, c’est que j’appartiens à sa génération. Nous avons le même âge. Et c’est quand même triste de penser qu’il n’a jamais été lui-même, non pas parce qu’il est un artiste, mais parce qu’il était vraiment, vraiment, vraiment perdu. Pour moi, il n’y a vraiment personne qui soit au-dessus de cette obligation : affirmer ce que l’on est, no matter what.