mardi 8 mai 2012

Moi vs le Roi des Rois

Puis, arrive le moment tant redouté. Le cliché total. Tout un exercice d'écriture et de musique. Celui qu'on ne veut surtout pas aborder car la dernière fois c'était il y a 17 ans (aucun rapport avec une élection française) et ça a assez fait de dommages comme ça. Vous passez toutes ces années à digérer, oublier, c'est la raison pour laquelle vous prenez un antidépresseur depuis 1995 et vos amis se moquent régulièrement de vous : "Si tu en prends, c'est que tu devrais aller chez le psy". Ben non idiote, j'en prends parce qu'on m'a largué, pas parce que j'ai été battu par mon père à 7 ans avec la ceinture en cuir, ça franchement c'est le dernier de mes soucis et je préfère entretenir l'industrie pharmaceutique avec une demie pilule par jour en générique plutôt que dépenser des sous que je n'ai pas pour aller voir un idiot qui ne me guérira pas d'une névrose que je n'ai pas parce que j'ai juste perdu un mec génial. Ça fait partie des merdes de la vie, ce n’est pas un traumatisme lié à la maltraitance où à un truc que je n'ai pas réglé dans ma "psyché". Pffff.

 Comment raconter ça sans être obscène. Il y a bien sûr l'option musicale. 50% des chansons, c'est autour du thème de l'amour perdu, il y a largement le choix. Pendant des années, ces morceaux passent au-dessus de votre tête, comme lorsqu'on frémit intérieurement devant l'entrée des urgences des hôpitaux, en espérant "Pourvu que ça ne m'arrive pas tout de suite". Tout le sens de ces paroles vous échappe, le vrai sens des mots, la poésie du drame. Vous n'entendez que le beat, les synthés et les violons et la voix et ça vous donne envie de danser, pas de pleurer. Il n'y a aucun mépris dans cette attitude car ces chansons sont tous des classiques admirés précisément pour leur puissante valeur thérapeutique et vous êtes déjà passé par là. C'est juste que vous ne voulez pas attraper la grave maladie qui vous dirigera à nouveau vers Missing d'EBTG ou Where Love Lives d'Alison Limerick. Ça va, vous avez donné.

 Si vous avez de la chance, vous êtes dans une relation avec un homme correct et les mois s'accumulent et les années aussi, et vous savez que c'est un répit, une belle période à mettre entre parenthèses, qui vous donne la force et le courage d'avaler toutes les merdes que la vie ne manque pas de vous envoyer à la gueule. Vous avez un homme qui dort profondément à vos côtés, vous êtes collé à lui, non en fait c'est lui qui s'est collé contre votre ventre et vous le protégez pendant son sommeil autant que lui vous protège - c'est juste qu'il ne le sait pas. Ah, je parle ENCORE du fait de dormir avec son amoureux.


 Vous êtes le dernier à vous endormir car vous avez souffert de solitude et ce corps masculin, ces 70 ou 80 kilos de chair qui se laissent aller au sommeil, c'est une victoire, votre vrai trésor, qui dort - comme tous les bons trésors. Vous êtes celui qui s'arrange pour qu'il y ait assez de couette et de couvertures pour deux hommes. C'est la répétition de ces nuits qui renforce l'amour que vous avez l'un pour l'autre car les rêves sont plus légers, il y a une régénérescence nocturne qui est unique parce que ce sont deux hommes, ce qui n'est pas la même chose avec deux femmes ou un homme et une femme.


 Si vous êtes chanceux, vous passez ainsi d'un homme à l'autre, d'une manière séquentielle, avec des ruptures bien contrôlées parce que vous avez de l'expérience et même les séparations, vous savez faire. Si vous tombez sur un homme encore plus proche de vous, après mure réflexion, si possible des mois de réflexion pour ne pas se tromper, alors il faut quitter l'autre et aimer ce nouvel homme parce que la vie ne vous apporte qu'une poignée d'histoires d'amour importantes. Et qui êtes-vous pour dire non au rêve le plus important de votre vie? C'est l'amour. Pas la richesse, pas la carrière.


 A 50 ans passés, vous rencontrez le quintessential dude gay. Il n'a aucun problème avec votre âge, au contraire ça l'excite sans que ça soit une obsession sexuelle zarbi non plus. Ça commence par un petit truc de rien du tout. Vous remarquez ce visage sur une photo de Facebook, c'est même pas lui que vous regardez, c'est un autre. Lui est dans le coin de la photo, à l'arrière plan. Au bout d'un an, c'est 10.000 messages sur FB: la seule personne avec qui vous chattez réellement. La magie se déploie lentement, sûrement, avec toute la force dont elle dispose, celle de l'envoûtement, du charme, du flirt, de la surprise, de l'érotisme, d'une écriture qui ressemble si étonnement à la vôtre. On est tellement méfiant de ces love stories factices d'Internet qu'on avance petit à petit, retenant la marée et le vent qui vous poussent l'un vers l'autre mais non, on est de grands garçons, on ne va pas se laisser dépasser par un truc qu'on a attendu toute sa vie.


 Car chaque amour est, dans sa catégorie, ce qu'on a attendu toute sa vie. Il y a le mec hyper bien foutu, le mec intelligent, le mec drôle, le mec wild, le ou les mecs américains. Et puis il y a le dude. On se dit "Non, c'est pas possible, pas le dude! Pas le lad!". Mais si, c'en est un, de la semelle de ses chaussures à la pointe de ses goûts musicaux, un mec calme mais drôle aussi, qui est prolo sans être malheureux, qui connaît la vie gay même si elle le fait chier un peu, qui aime le reggae et la techno, qui est catho sans que ça soit un problème (yet!), qui est si deep qu'il chantonne tout seul des airs haïtiens en se brossant les dents, qui n'a pas peur de parler et qui est prêt à découvrir la nature, qu'il ne connaît pas assez. Et qui a souffert mais ça, c'est tout le monde, OK? Et la première fois que vous le voyez à la gare, vous savez que ce sera l'amour, en un regard, juste comment il est dans l'espace.


 Et vous tombez amoureux. Et lui aussi. Cette fois, vous avez décidé de faire un sans faute, c'est comme si vous portiez une pancarte avec marqué dessus DON'T FUCK UP parce que l'expérience sert à ça, pas trop vite, pas trop lentement, one step at a time, vous retenez le flux au maximum jusqu'à ce que ça devienne intenable pour ne rien casser. Vous avez un diamant brut dans les mains et ça ne sert à rien de brusquer les choses, you know the drill, il suffit de tenir sur le cheval et lui montrer que vous lui faites confiance en serrant bien les jambes pour lui montrer que vous êtes bien en équilibre sur la selle et de là haut vous voyez bien, au loin, vous regardez l'horizon et le cheval vous suit mais en fait c'est lui qui fait tout le travail. Ça vous revient naturellement, après toutes les chutes du passé quand le cheval s'emballe parce qu'il a peur ou qu'il veut vous tester mais là c'est pas la peine car il est sympa et il voulait une promenade lui aussi...


 Et le sexe est bon, dès le début. Des fois, c'est pas le cas et il faut être patient. Mais là, ça clique dès le début, vous le savez, il le sait. Vous faites même des trucs que vous n'avez pas faits depuis longtemps. Très longtemps. Qui vous ramènent à la vie. La machine s'emballe, vous rêvez ensemble, les projets se dessinent, les déclarations sont faites, le futur se dégage, l'été qui vient, un autre hiver viendra aussi, et on pense même un peu à 2013. Cette solidité que procure l'avenir, même quand il est très sombre comme il l'est à notre époque, c'est l'extrême beauté du couple: savoir qu'il y aura ça, et puis ensuite ça, et peut-être ça aussi. On en parle tous les deux. On négocie. Chacun veut montrer à l'autre les choses qu'il aime. On apprend, on découvre. On découvre tellement qu'on ne peut pas tout faire, on se dit "C'est pas la peine de se prendre en photo tout le temps, c'est naff, on fera ça plus tard". On rencontre ses amis et sa famille et on fait en sorte que ça se passe bien, bordel. On dort ensemble, le plus possible. Skype sert enfin à quelque chose. Tumblr est notre terrain de jeux secret. On s'imagine ensemble aux Nuits Sonores, à Nordic Impact, à Berlin, à Londres, à New York, même si on n'a plus d'argent l'un comme l'autre. Le calendrier devient magique. Il laisse pousser sa barbe. Ses yeux vous regardent au plus profond de votre âme. Il vous rend beau. Vous prenez des forces. Vous lui donnez ce que vous avez.


 Arrive le moment où, objectivement, vous êtes on top of the world. Les autres hommes sont magnifiques mais le votre vous fait traverser une foule sans avoir peur. Même quand vous êtes loin de lui et seul, sa force vous accompagne dans tout ce que vous faites. It's a spell, mais cool, décontracté, sans pression. Vos amis sont contents pour vous. Ils disent: "Tu as l'air tellement heureux". C'est de l'amour dans le sens le plus confiant du terme, pas la passion qui fait faire des conneries, l'amour bien. Quand vous êtes seul, le soir, vous réfléchissez à toutes les catastrophes possibles et après les avoir méthodiquement analysées, une par une, soir après soir, vous vous endormez avec la certitude qu'il n'y a pas de vice caché. Et le matin, dès que vous vous réveillez, le souvenir de son visage apparaît, ou sa bite, ou son corps, ou son odeur et le jour commence bien. Love is really your game.


 Soudain, et bien trop tôt, la rupture. Pour faire court, car j'en parlerai ailleurs puisque c'est un sujet politique, il répond à un appel qui a été longtemps en lui. Il prend la décision de se consacrer entièrement à l'autre amour de sa vie, Dieu. Et on peut se battre contre l'homme qui vous vole votre mari, on se peut se battre contre tout, la maladie et la pauvreté, mais on ne se bat pas contre Dieu, même lorsqu'on n'est pas croyant soi-même. Ce dude, vous l'aimiez déjà quand il était croyant. Et là, deux hommes sont en train de pleurer, l'un dans les bras de l'autre, tremblant de douleur, les corps en pleine convulsion. Moi j'avais un amour normal, mais lui a un amour Suprême. Tout s'assombrit en une heure. Tout s'effondre. Les projets, les promesses, le calendrier qui se vide, le futur plus noir que jamais, comme en 1995. This Time de Chante Moore, putain, ça fait 17 ans que je m'empêche d'écouter ce disque. By the power of Christ, I announce you divorced. Il y a le King of Kings entre cet homme et vous.


 Et il n'y a pas de demie mesure car je suis un puriste et lui est un pur. Il va passer des années à se punir du mal qu'il me fait mais il est renforcé dans ses prières et moi je n'ai plus que des souvenirs. Et quelle est cette ironie politique qui m'accable, moi qui tombe amoureux d'un homme qui aime le Créateur? Disparaissent alors le souvenir de son odeur dans le creux de ses pectoraux, les poils de son ventre, ses mains larges et ses pieds plus forts encore, la barbe pas entretenue, naturelle, lente à pousser mais si douce à caresser, le collier autour du coup, un simple cordon de cuir qui vient d'Ethiopie, une voix douce et masculine sans faire d'effort et tout un lot d'expressions écrites que je notais pour être certain de ne pas rêver. Hay! Howdi! À nous! Je vais courrir et après on se skype bébé! Miss your smell at nite. PTR commence pas hein. Hé ma puce!


Et vous regrettez alors de na pas avoir pris de photo de tous ces portraits et ces choses banales car on était si humbles qu'on oubliait carrément de le faire. Il n'y a pas de photo de lui dans les rues de sa ville, lui tenant parfois ma main, pas de promenade avec son chien, pas de photo à la gare quand il me raccompagnait. Nothing but heartaches. Le dude vous a mis TKO. Christ wins.

19 commentaires:

zivoug a dit…

Il y a un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser.

T. just T. a dit…

Il m'a fait pleurer ton texte.

Anonyme a dit…

Hang on man, the world is ALWAYS full of possibilities.
Best
D.

Anonyme a dit…

Tu n'es pas incompatible avec Dieu, au contraire...Competion has nothing to do here. Il faudrait qu'il comprenne que l'amour de Dieu s'applique parfaitement dans l'amour d'un homme ( cf le passage du gospel à la soul séculaire), que le contact avec Dieu n'est jamais pus beau que quand on l'établit seul , selon sa propre inspiration , hors des dogmes.... Dieu il peut le trouver en allant se perdre dans les champs, en se recueillant sous un arbre. Les catholiques sont en faits trop peu entrainés à la méditation, trop engoncés par les règles de la prière, la liturgie. Invite le à se perdre une fois de plus dans cette nature qui t'entoure , laisse le , attends le dans la maison.... Hold on !

Anonyme a dit…

le rapprochement de Dieu est presque un leurre. "Plus prés de toi Seigneur" .... Dieu est partout, on n'est jamais aussi prés de lui qu' à chaque seconde, pour peu que l'on ai la Foi... Le séminaire est une voie respectable, mais c'est un choix dont l'explication engage d'autres considérations que la seule Foi ( talk about it)... J'ai du mal à comprendre le choix de cet homme .... En t'aimant , comme tu le racontes, il commet un acte sacré , et sa foi dans votre couple est induite par sa Foi en Dieu et la prolonge (il ne s'agit pas de te mettre sur un piédestal) .... My prayers go to you two guys ...

Anonyme a dit…

j'ai rarement lu de lignes aussi belles sur l'intimité, le partage, l'envie, le désir, la frustration, le plaisir... vous écrivez l'amour mieux que personne
keppe the faith!

Didier Lestrade a dit…

Merci. Je réponds trop rarement aux commentaires sur ce blog mais je suppose que c'est un sujet classique, et puis qui concerne pas mal de monde en fait. Et puis ce texte, c'est ma manière de TOUT raconter, je crois qu'il y as trop peu de témoignages comme ça. Enfin bref, faut que je tourne la page oui. Pour l'instant...

Anonyme a dit…

Je ne sais pas quel est le plus grand sacrifice, renoncer à l'homme qu'on aime pour le dieu auquel on croit, ou renoncer à l'homme qu'on aime pour le laisser aller vers un dieu auquel on ne croit pas... il faut vraiment beaucoup de courage.

fille de Pau a dit…

Pourquoi raconter tous ces détails sur sa vie intime ???
Et si parler de soi était source de plaisir... c'est ce qu'ont étudié les américains Diana I. Tamir et Jason P. Mitchell sur ce thème "Disclosing information about the self is intrinsically rewarding".
Ils argumentent que par le jeu du système des récompenses, une zone particulière du cerveau serait stimulée, celle-la même qui sécrète de la dopamine bienfaisante...
Cela nous permettrait de comprendre un aspect du succès de quelques blogs !

j a dit…

M. Lestrades, permettez-moi de vous féliciter pour cette prose terriblement émouvante. Entre électrochocs des mots et prises de consciences d’images simples, belles, érotiques et névrotiques qui font l’essence d’un amour; j’ai dévoré votre texte comme suspendu à sa résolution prévisible. Dure réalité. Renvoi vers la mienne, vers la nôtre, vers le vrai. Difficulté du choix, être pédé, être religieux, s’engager, s’assumer, se coming/outé, se séparer, recommencer, y croire encore, votre expérience résume un peu à elle seule les dilemmes du modern guy facing a modern love in a mad mad world. Je ne sais pas si vous vous relèverez, si vous nourrissez encore de l’espoir, si d’autres bras et d’autres corps pourront combler vos sommeils suspendus. Que ce soit contre Dieu, contre une blouse blanche, contre un autre, contre une autre, contre un vicieux, contre un idéal, contre soi-même, vos mots sonnent pour moi comme une mise en garde du temps. Désormais I’m gonna take a lots of pictures.

Didier Lestrade a dit…

Fille de Pau, tu m'épates à chaque fois. Je commence à m'imaginer une entité à partir de toi. Tant qu'au plus grand sacrifice, c'est en effet difficile de ne pas détester quelqu'un qui te dit qu'il ne peut plus coucher avec toi surtout quand c'était si bien et si cool.

Didier Lestrade a dit…

Bien sûr, j'ai de l'espoir, j'ai passé ma vie à chercher l'amour et je l'ai eu plein de fois. Mais à 54 ans c'est tellement rare de rencontrer un homme qui ne s'arrête pas à l'âge et qui comprend tout.... enfin bon.

Fastbear a dit…

Cette histoire du mec qui largue pour se rapprocher de Dieu est au mieux originale, ce qui flatte l'ego de Didier, au pire une excuse foireuse que Didier fait semblant de croire.

Didier Lestrade a dit…

ah il fallait bien un bear qui fasse chier. Non, l'ego, pour moi, consiste à être amoureux ET heureux. C'est PAS de raconter un truc à ce point intime. Mais peut-être tu DEVRAIS essayer d'écrire un truc aussi intime, on verrait si c'est lisible ou pas.

fille de Pau a dit…

Cher Didier,
si je vous "suis" avec autant d'assiduité depuis plusieurs années, c'est parce que j'aime deux ou trois de vos belles qualités qui caractérisent précisément la dimension SPIRITUELLE de votre personnalité : votre goût pour la vérité, l'amour de la beauté... la générosité.

Solange D.

fille de Pau a dit…

à Fastbear,
bien sur que Didier à quelques "défauts" comme chacun de nous (!),
mais je pense qu'il a aussi suffisamment d'authenticité pour ne pas inventer une justification pareille pour nous parler d'un gars qui préfère donner la priorité, à ce moment de son existence, à une recherche spirituelle plus intense.

Théo DUGENRE a dit…

Juste merci pour tout

Anonyme a dit…

Aimer, c’est apprendre à écouter la différence de l’autre.
L’amour est une écoute qui retentit en soi.
Alors s’ouvre la réception du don de l’autre, de sa manière autre d’aimer.
Nous serons toujours différents, mais quand tu sais écouter l’autre différent de toi, tu fais entrer en toi une vision qui n’est pas tienne. L’autre, tu ne le changes pas, mais ta vision, oui, tu peux la changer.
Qu’est-ce que l’autre sent, attend, et que je peux lui donner ?
L’amour, c’est ce complément d’être que je donne, mais tel que l’autre le désire, et non pas tel que je l’imagine. L’amour, c’est ce complément d’être que, réciproquement, l’autre me donne, mais à sa façon.
Ceux qui s’aiment sont dans le mystère d’une relation vécue différemment, dans la différence.

Sr Emmanuelle in Vivre, à quoi ça sert ? Flammarion, 2004, p.112.

Edith a dit…

Comment lire tous ces romans fades qui jonchent les étals de librairie quand on peut venir rire, pleurer et se prendre des douches chaudes et froides sur un tel blog, qui nous sert généreusement des billets aussi littéraires que francs, aussi stylisés que nonchalants,parfois légers, parfois puissants...