vendredi 22 janvier 2010

Je te vois


Lors de mon dernier voyage à New York, j’ai ramené une quinzaine de bouquins sur le fait d’être cinquantenaire. J’étais persuadé que mon éditeur serait intéressé par le nouveau cliché générationnel : 50 is the new 30. Mais non. Fail. Ca ne l’a pas intéressé.

Ni les autres idées de bouquins : La crise ? Le NYT nous apprend qu’il y a toute une vague de livres à venir sur les gens qui ont été virés de leur job. Je peux témoigner ! Facebook et le temps perdu sur les réseaux sociaux ? Je peux témoigner ! Et vivre dans le silence ? Je peux témoigner aussi ! Je dois avoir le malheur de penser à des idées qui sont juste un chouïa en avance. En France, je veux dire.

Je crois que je ne vais pas vivre longtemps.
Cela fait 20 ans que je me dis la même chose. Aujourd’hui, je me suis fait injecter du New Fill et mon visage a récupéré dix années de jeunesse. J’ai meilleure mine qu’il y a dix ans, c’est un comble. Je ne dis pas que je vais mourir parce que je suis malade ; je vais très bien. C’est ce qui fait chier les gens, je suis très solide.
Je crois que je ne vais pas vivre longtemps car je n’ai vraiment pas envie d’arriver jusqu’à 2020. Maintenant que je ne suis plus à Têtu, je peux dire ce que je pense et ces dix prochaines années devraient être suffisantes pour couvrir tous les sujets. J’ai une liberté quasi-totale. Je n’ai même pas besoin de faire attention à mon train de vie, il y a quelques personnes sur cette planète qui s’arrangent pour que je ne manque de rien. Je peux écrire à mon rythme, pendant plusieurs années encore. Mon expression peut se libérer un peu plus avec le temps, sans inquiétude sur mes revenus, sur ma carrière, sur mes amours. Je suis blindé. Je suis autosuffisant. Je ne dépense rien. Je n’ai presque plus rien à perdre. Je n’ai même plus envie de faire de longs voyages à travers le monde, ceux qui coûtent la peau du cul, qui attestent de votre statut social. I don’t give a shit.

Je n’ai pas envie de vivre jusqu’à 2020 parce que je trouve que ça commence à bien faire. Dans ma communauté, on dirait que je suis le seul qui n’a pas peur de montrer son âge et de se retourner sur les décennies précédentes. Les années 60, c’était l’agriculture. Les années 70, c’était beaucoup de souffrance : les hommes étaient vraiment impossibles à rencontrer. Les années 80, c’était beaucoup de plaisir et de lutte avec l’argent, l’impression d’être toujours pauvre et malgré tout fier d’avoir toujours raison, d’avoir un flair qui ne se trompait jamais. Rencontrer l’homme de ma vie. Les années 90, c’était l’autre homme de ma vie, qui finit par me quitter, d’où le désespoir et la dépression, pour en sortir en me battant contre ce putain de complexe d’infériorité face aux activistes américains. Les années 2000, c’est l’écriture, le conflit, la solitude, la campagne. Le pouvoir de dire fuck you à des gens riches et de les confronter à leurs lacunes pendant des dîners, au risque de perdre la face et mon job. La cohérence, la fierté.

Apparemment, j’ai contribué au plus beau cadeau offert par les homosexuels à la société moderne : la découverte des antirétroviraux. Je n’avais jamais pensé à l’arrivée des antiprotéases sous cet angle. Je savais que c’était important. Je ne savais pas que c’était le plus important.
Le magazine New York a publié en décembre dernier un gros papier sur Larry Kramer. Ce dernier développe dans son livre à paraître une théorie qui m’a épatée. Kramer dit que la plus grande contribution des gays, c’est bien sûr l’évolution de la sexualité, la différence, le radicalisme, le style de vie. Mais il dit que la plus grande contribution de toutes fut celle qui a permis la découverte et la commercialisation des antirétroviraux, cette classe de médicaments qui a, on le sait, révolutionné le traitement du sida et qui commence à avoir un impact majeur sur d’autres maladies transmissibles. Selon Kramer, les gays ont un truc particulier avec les drogues (ça on est tous d’accord) et l’exemplarité du travail des homosexuels dans le sida (comment les malades parviennent à bousculer, changer, accélérer la science) est le truc le plus important que nous ayons fait depuis les années 50, c’est-à-dire depuis la libération du mouvement gay.

Kramer reprend là où nous avons perdu notre fierté. Ce sont les homosexuels qui ont rendu ces ARV disponibles, ce sont eux qui les ont offerts au monde (des pays riches aux pays pauvres). On peut donc quantifier cet exploit en termes de vies. Le mariage gay, par exemple, est encore loin d’avoir autant modifié les sociétés à travers le monde.

Je me trouve donc, et ça fait plaisir à lire, au centre de cette contribution. De 1989 à 2002, je n’ai cessé de travailler sur le sujet. Jusqu’à la nausée. Et les gens qui me critiquent n’étaient vraiment pas à mes côtés pour faire ce boulot, je peux vous l’assurer.

Imaginons maintenant que vous êtes richissime. C’est très très très facile de donner de l’argent à la lutte contre le sida. C’est d’une banalité hallucinante. Vous pouvez le faire sans verser une seule goutte de sueur. Vu sous cet angle, c’est presque gerbant. C’est un power trip comme un autre. Dans un édito de lundi dernier dans le NYT, Nicolas D.Kristof pense que le fait de s’engager (à contrecœur, un détail fascinant) dans une cause qui vous dépasse fait partie des plaisirs humains de base. Bien sûr, vous pouvez envoyer un chèque. Une étude du National Institute of Health (NIH) a montré que lorsque l’on vous sollicite pour donner de l’argent à une œuvre caritative, certaines parties du cerveau sont stimulées. Les mêmes qui sont sollicitées d’habitude pour des plaisirs égoïstes comme l’appétit ou le sexe.
Ce que je veux dire, c’est que les choses les plus importantes de ma vie, je les ai entamées contre mon gré, reluctantly, parce que je savais, à l’avance, que ces projets ne manqueraient pas de m’exposer à des personnalités dont je me méfiais, à raison. Avant cela, j’étais parvenu à vivre de mon travail sans dépendre de qui que ce soit, en étant indépendant, en vrai journaliste free-lance. Mais quand vous vous engagez dans des projets qui vous dépassent, vous savez que votre chemin va croiser, naturellement, beaucoup de porcs. Votre succès ne dépend alors pas de votre capacité à poursuivre la route tracée par votre courage. Il dépend de votre capacité à survivre à la mauvaise influence de ces gens.

Donc j’ai offert ma petite contribution à la société. Cela me rend puant de fierté. Et c’est vrai que faciliter la commercialisation de médicaments qui sauvent des centaines de milliers de vies à travers le monde, c’est quand même plus noble que s’engager pour que 1000 femmes Françaises ne puissent pas porter la burqa (suivez mon regard). C’est plus passionnant que servir la soupe à Marc Jacobs et passer ses aprems à faire les soldes pour s’acheter des conneries de Raf Simons. C’est vraiment mieux que dire aux pédés qu’ils peuvent baiser sans capote quand on sait qu’un bon nombre d’entre eux vont devenir séropos dans les 20 prochaines années. C’est mieux que ces folles qui ne s’engagent jamais et qui pensent qu’on ne « fait pas de bons livres avec de bons sentiments » ou des conneries de ce genre.

L’édito du NYT sous-entend que l’on tire plus de bonheur à s’engager dans une cause qui nous dépasse que dans le fait de vivre une vie privilégiée. J’en ai toujours été convaincu. J’ai toujours pensé qu’il me serait plus facile de m’attaquer à des projets irréalisables comme Magazine, Act Up ou Têtu, parce qu’il me serait beaucoup plus difficile de vivre une vie oiseuse de conne qui va à l’Opéra. La gerbe de la musique classique. Les privilèges. Le cirque. Les courbettes. L’aliénation.

Forcément, quitter Paris, c’est s’échapper le plus loin possible d’un abonnement à l’Opéra. Je peux vivre comme je veux. Même ma famille ne peut m’obliger à quoi que ce soit. Je ne suis pas obligé d’avaler mes convictions politiques parce qu’il faut dire bonjour à une pute qui a ses responsabilités à la Mairie de Paris et qui se trouve à dix mètres de vous en train de baver sur Anita Rachvelishvili dans « Carmen » à la Scala.

J’espère être mort en 2020. Parce que je vais passer les prochaines années à régler méthodiquement leur compte à ces connes que je déteste et je crois que lorsque j’aurai décortiqué par le menu (comme on dit) toute leur crasse, ce sera finalement une contribution pas si négative que ça en faveur d’un équilibre des choses. Parce que regardons notre époque en face : il y a beaucoup plus de porcs aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans. C’est évident. Les vieux n’en finissent pas de vieillir et les jeunes sont tous obsédés par l’argent. Nous traversons une crise sans précédent et que font les jeunes ? Ils rêvent de devenir Bryan Boy, cette wtf de blogueuse fashion, au premier rang des défilés de Milan, à deux places de cette wtf d’Anna Wintour de Vogue.

A un moment, cette gentillesse de Facebook, cette fausse politesse envers les amis qui vous ont déçu, ce respect pourri face aux riches, il faut dire non. Et même si cela risque de brûler votre vie, ce type de militantisme doit rester vivant même face à ces milliers de connes qui cherchent, sans cesse, à vous attirer vers leur superficialité et leur normalité. Cela ne vous saute pas à la figue qu’il n’y ait pas un seul gay de ce pays qui soit connu pour un engagement politique radical ? Je veux dire, personne ?
Donc, je pense que dans dix ans, j’aurai épuisé toutes mes forces devant la multiplication de ces porcs qui nous entourent, jeunes ou vieux. Et franchement, si à ce stade, je suis dépassé par une telle noria, je préfèrerai crever. Après tout, à 60 ans, ce ne sera pas un échec. Ça sera un cancer comme un autre.

Je suis séropositif depuis 1987, ce qui veut dire que j’ai tout de suite pensé que je ne vivrai pas très longtemps. Mes ennemis pensent vraiment que j’aurais dû crever et d’autres auraient dû survivre, ça aurait été plus juste. Manque de bol. Je trouve ridicule de réaliser que j’ai passé presque la moitié de ma vie à anticiper ma mort. Si on ajoute qu’à 5 ans, je pensais déjà me sacrifier pour que ma mère revienne à la maison et que j’ai tenté de me suicider à 17 ans parce que c’était décidément trop difficile d’être gay dans le Lot et Garonne, j’ai passé toute ma vie à m’habituer à l’idée de quitter ce monde. Je ne prétends pas dire que le passage sera facile, mais ce que je veux dire, c’est que malgré cette persistance de la mort dans ma vie, le concept de mort, chez moi, c’est quelque chose qui est pratiquement domestiqué. Je m’en branle totalement quand des gens célèbres crèvent. Je ne suis pas triste quand des personnes de ma famille décèdent. Je trouve normal que mes amis sidéens disparaissent après des années de souffrance. Le seul truc qui m’effondre, c’est de voir mes amis séronégas se suicider.

Mon point. Deux ou trois ans avant de mourir, mon ami Hervé Gauchet a commencé à m’énerver quand il partait au Maroc. Je lui disais, ça va, tu es malade et faible comme un chien, et en plus tu vas dans des endroits où c’est compliqué pour toi. S’il t’arrive quelque chose, comment on fait pour te faire revenir ?
Un jour, il était à Marrakech et il est allé dans le souk pour se promener. C’était l’après-midi, il aimait regarder. Ce jour-là, Hervé était épuisé et il marchait très lentement, comme s’il allait perdre son équilibre à chaque pas. À un moment, il s’est arrêté devant la boutique d’un artisan. L’arabe l’a regardé et il a fini par demander à Hervé s’il allait bien. Hervé a souri, comme il le faisait, et il a du dire « ça va aller, je reprends mon souffle ». L’arabe lui a demandé s’il avait mangé. Hervé a bredouillé non alors l’artisan l’a fait entrer dans sa boutique, il a demandé à son fils d’apporter un peu de tagine et du thé.
Quand Hervé mangeait, très lentement, comme il le faisait toujours, l’arabe le regardait et il lui a demandé s'il croyait en Dieu. Hervé lui a répondu « pas vraiment », ce qui a le don de désespérer les musulmans parce que pour eux, le fait de ne pas croire, c’est vraiment un truc triste. Le Marocain lui a dit « Ah c’est pas bien, il faut croire ». Sous entendu : en plus tu vas bientôt mourir, je le vois bien, tu n’as presque plus de force.
L’après-midi touchait à sa fin, une belle journée d’hiver quand le souk n’a pas beaucoup de touristes, comme si le commerce s’était arrêté avec Hervé dans l’arrière-boutique avec le Marocain, son fils et un autre vendeur, qui le regardaient finir ses légumes, avec un regard gentil et peiné. Il ne croyait pas en dieu, ce pauvre Français.

Depuis, Hervé est mort. À chaque fois qu’il allait au souk, il me ramenait un petit morceau de musc. Pendant des années, le parfum de ce petit cube blanc laiteux envahissait la boîte en bois dans laquelle je mets les médicaments qui m’ont permis de survivre. À chaque fois que j’ouvre cette boîte, le parfum est là. Et maintenant, le parfum s’estompe avec le temps qui passe, chaque jour un peu plus. Quand je n’avais pas envie de prendre mes médicaments, quand je n’avais pas envie d’être compliant, ce parfum m’encourageait. « Allez, encore un jour, encore une fois, prends tes médicaments ». Et quand Hervé passait me voir à la campagne, je lui disais que ce parfum était peut-être le détail minuscule qui m’avait gardé vivant toutes ces années.

Ce petit bout de parfum est un des talismans contre les gens avec qui je m’affronte. Quand Hervé allait au Maroc alors qu’il était malade, je me mettais en colère en lui demandant pourquoi il bravait un tel danger. Et je sais que tout le monde autour de moi se demande pourquoi je persiste à passer les dernières années de ma vie à me battre contre ces homosexuels riches que je méprise. C’est pareil. Hervé disait qu’il avait le droit de contredire la maladie pour quelques jours de beauté mystique à Essaouira. Moi, dans ma campagne, j’utilise mes dernières forces pour m’opposer à ces gens qui veulent détruire la beauté de l’homosexualité. Comme disent les Na'vis : « I see you ».

31 commentaires:

Madjid Ben Chikh a dit…

Bah ouais, encore une qui n'aime pas la musique classique, tiens ^^
Moi, j'ai un truc avec Vivaldi depuis l'enfance. Vraiment. Un jour, a l'ecole, on a eu un sujet libre. J'ai parle de Vivaldi. La prof m'a mis une bonne note mais a decide de garder la copie. Je ne sais pas ce que j'y racontais. Il faut dire qu'a la maison, cet espece de declin permanent d'un couple qui ne tenait que pour ses deux enfants etait a son paroxysme, avec une mere depressive qui s'enfermait dans la cuisine et un pere qui recitait des prieres pour oublier qu'il venait d'etre licencie.
Vivaldi, normalement, je n'etais pas programme pour le rencontrer. Dans mon milieu social, normalement, a cette epoque, C.Jerome, Sheila et Johnny, Gene Vincent ou les Jackson Five, c7etait plus naturel. Mais voila, a 6 ans, j'ai entendu les saisons. Je ne sais pas ce que j'ai mis dans cette copie, mais je pense que sans m'appercevoir, j'ai du raconter des trucs dans ce genre la, avec les mots d'un enfant vraiment malheureux.
J'ai oublie Vivaldi quelques annees, et puis j'ai rencontre les instruments anciens. J'ai oublie le rock et la pop pour le moelleux des cordes en boyeaux, les violes de gambes. Dans les annees 80, ce qui est pour moi l'une des plus grande revolutions de la musique du 20eme siecle, la recreation d'oeuvres oubliees avec les instruments d'epoque et la facon de jouer originale, n'etait pas gagnee. Pour moi, ca a ete le choc de ma vie. Or, les instruments anciens ne sonnent pas juste, ils grincent, ils expriment beaucoup de choses. Et soudain je me suis appercu que je communiquais vraiment avec Vivaldi, parce que malgre le poli et la fadeur des interpretations en cours jusque dans les annees 70, j'avais bien ressenti certaines dissonances. Bien sur, j'ecoute enormement de compositeurs baroques, francais essentiellement. Ben oui, quand on aime, il faut peut etre aussi parfois commettre des infidelites, et en musique, je suis tres volage. Mais je lui reviens toujours. Parce que Vivaldi a, pour moi, tres douvent ecrit de ces passages dont je pense, lors de la premiere ecoute, qu'il n'aurait pas du ecrire ca. Oui, il y a des trucs en musique qui devraient etre interdit, parce qu'ils resonnent trop profond, qu'il revelent des peurs, des fragilites interieures. Bien sur, c'est la que je puisse mon plaisir infini a l'ecouter. Et puis heureusement, parfois, au milieu d'un air sombre et triste se niche un rayon de soleil bien place de trois secondes (un changement de modalite, un contretemps...). Mais il n'empeche que ses plus beaux concertos m'inspirent toujours le sentiment que "ca, il n'avait pas le droit de l'ecrire".
Et ce billet, Didier, tu n'avais pas le droit de l'ecrire...

Unknown a dit…

Je ne sais pas quel est le "plus beau cadeau offert par les homosexuels à la société moderne" mais le tiens est tes pensées et tes paroles. Merci Dids. J'espere que contre ton gré, ca va continuer longtemps. xx

Unknown a dit…

C'est la petite hétérote ( si je dis que je suis riche de ma Rose en plus c'est vrai ) qui se manifeste...

Je me souviens de cette ITV à la lecture de ton texte, dans cet Hopital de Garches, un bel après-midi d'été.
Le petit médecin ( grand chercheur ) Jacques L. que j'interrogeais dans le cadre de mon Livre des proches.

Il m'avait dit

" je serais resté toute ma vie un petit chercheur de merde qui n'intéresse personne sans le sida.

(...)

Ecrivez le dans votre bouquin c'est Grâce aux homosexuels, c'est eux qui m'ont apporté un chèque sur un plateau d'argent.."

et il l'avait répété en insistant fort ( je l'entends encore ) Grâce...

..............................

Je crois par ailleurs ( qui n'engage que moi mais que j'ai pensé souvent ), qu'on a le droit de ne pas vouloir survivre à la vieillesse quand on n'a pas d'enfants.

xxxxxxxxc.

Anonyme a dit…

Le médecin anticonformiste Jacques L. confirme dans le dernier paragraphe de cet entretien du rôle des "garçons qui aiment les garçons" :http://picardp1.mouchez.cnrs.fr/Leibo.html

Anonyme a dit…

Ai l'intention de vivre au-delà de 2020, comment je vais faire sans tous vos billets doux tristes rigolos etc...quand on a votre talent d'écriture on vit à minima jusqu'à 80 ans et on écrit encore 4 ou 5 livres, des dizaines d'articles et surtout on n'abandonne pas ses lecteurs. Courage le printemps arrive pas de déprime je compte sur vous.

Didier Lestrade a dit…

Merci les filles!
Mais c'est PAS un texte triste! C'est pas possible, dès qu'on parle de mort, les gens pensent qu'on est flippé! Je le suis pas!

Anonyme a dit…

Bonsoir ; Je me suis souvent demandé pourquoi vous êtes si... Oui voilà, pourquoi on ne vous voit *jamais* sourire. Je vous ai même croisé un jour vers 92 à libé, vous étiez littéralement glaçant. C'est un peu plus clair maintenant. (pas tant à la lecture d'articles comme ça qu'à grandir, et réfléchir un peu ; Moi aussi je suis assez vénère, en fait) Merci, j'ai pas tout compris mais j'ai bien aimé ce texte... Cette histoire de musc... Vraiment c'est marrant la vie, zuin oula khayb, ça dépend du point de vue. J'ai parlé du Maroc avec feu la vielle voisine de ma fille, là récemment, et elle a laissé ses yeux partir dans le vide et m'a dit "Ah... Les corbeaux dans la neige à Ifran..." zuin oula khayb. Non vraiment, je comprends mieux maintenant. B'el Slama, sidi

pX

Anonyme a dit…

Comme toujours, brillantissime.
il se trouve que j'ai eu récemment une discussion sur le même sujet donc ton post m'a particulièrement intéressé. Je suis dans ta logique et le même état d'esprit mais étant plus âgé je me fixe une date plus lointaine, normal. Le hic est que mon expérience me fait douter de ces résolutions. Je vois autour de moi trop de personnes âgées dans les vraies douleurs et la dégradation qui s'accrochent terriblement à la vie. J'ai grand peur que que ce soit un discours que l'on tienne quand finalement tout ne va pas si mal. Tu connais l'histoire du gars qui dit à son ami "jure moi de me dire quand je serais gâteux" et l'autre de répondre "oui mais tu ne me croiras pas". Aurons nous la lucidité et la force d'aujourd'hui ?

Didier Lestrade a dit…

Alors pour les deux derniers Anonymes.
Ben oui, je devais être "glaçant" à Libé. D'abord, c'est sûrement une connerie de ma part, quand j'allais à Libé, je prenais mon courrier, je disais bonjour de loin, parfois je parlais à Bayon pour placer un papier et puis après c'était un autre qui était mon patron et franchement c'est à partir de là que j'ai commencé à me faire encore plus petit à Libé.
J'ai toujours respecté ce canard (beaucoup moins aujourd'hui, je suis même plus abonné) mais j'ai jamais voulu jouer (par respect en plus) le jeu du mec qui s'incruste, j'ai toujours trouvé ça... impossible à faire. En plus, en 92, j'étais toujours président d'Act Up et je trouvais que ça faisait trop de casquettes.
Maintenant sur le côté "glaçant", je sais bien que c'est ma réputation et il faut vivre avec. Les gens qui me connaissent savent que je rigole tout le temps. Je suis de la dernière génération des pied-noirs, chez moi on préfère rire plutôt que vivre dans le silence.

Concernant les promesses qu'on se fait quand tout va bien. Oui, bien sûr, je sais, tu penses. Mais moi j'ai toujours pensé à la mort comme une solution à des problèmes vraiment trop insolubles et à un moment, tu te retournes sur ta vie et tu te dis que tu as fait des choses, et pratiquement tu pourrais arrêter tout de suite parce que tu as rempli cette vie, et quand tu n'as pas d'enfant, c'est vrai aussi, il n'y a rien qui te retienne, tu es vraiment indépendant sur ces choix.
Je le répète, ceci n'est pas un texte triste, c'est une promesse que ça va continuer à barder, que je vais continuer à faire chier, que j'ai des dizaines et des dizaines d'idées au bout des doigts et que je ne lâcherai pas avant de les avoir expliquées. C'est pas mégalo, c'est juste que j'en ai gros sur la patate donc je suppose que c'est positif tout ça.
Merci

Anonyme a dit…

Dans la génération Sida, il y a les bons élèves, les mauvais élèves et les élèves plus dicrets Un maître incontesté ,Didier Lestrade , l'oeuvre est brillante, les résultats le prouvent.... Mais la génénration sida a suivi la génération gay branchée des 80's, dans laquelle Didier Lestrade était déjà à la tête des comportements. De lui nous avont hérité un culte de la consomation branchée (drogues , fringues, musiques), un culte de certaines pratiques sexuelles "libres"( cf les nouvelles pornos d'un certain Christian Legrand dans Magazine), un dictact de la pornographie... Didier Lestrade a toujours discrédité la culture classique, chanson, opéra..., et pour le coup est totalement passé à coté des nouvelles formes de l'expression contemporaine ( qui s'adresse à tous pour une réflexion sur la maladie, la pauvreté....). Je Sors Ce Soir de Guillaume Dustan (RIP) , est un livre héritier des chroniques de Didier Lestrade. Les leaders de la génération 80 sont aussi à l'origine (sans pour autant en être responsables) des dérives de la génération suivante. Une chanson de Boy George disait " génération of love has turn you wrong" , il y a de ça...
Ceci dit, nous ne pouvons que remercier Didier Lestrade , pour le combat, pour la musique, pour ses choix de vie radicaux (à méditer)... Didier Lestrade est passé à coté de la détresse de plus d'un (les séronegs, les "moches", les drogués...) but she didn't have to be perfect ,et nous avons toutes un cerveau que nous pouvont faire fonctionner librement pour ne pas penser exactement comme lui. Didier Lestrade , pour votre combat, MERCI, pour vos chroniques musicales jusqu'au milieu des 90's MERCI. Pour tenter de dessiner "un chemin jamais emprunté" , MERCI.

(pour tout ce que vous dites que je trouve idiot, comme beaucoup ça m'agace et aprés j'oublie , pas trés important donc)

Xavier

Espacio starth a dit…

J'ai trouvé ça super à lire ton texte. Touchant, couillu, mais il y a quelque chose qui m'a retenu l'attention:
J'ai senti en toi une certaine agressivité interne auprès de "toutes ces connes" ou je ne sais plus comment tu les appelles. Plutôt intéressant. Pourquoi? Jen'attends pas de réponse de ta part non plus.
Profites de tes 10 dernières années!
Moi j'essaie de profiter de chaque jour avec un livre parmi tant d'autres qui m'a beaucoup aidé: La pratique du moment présent (Eckhart Tolle).
Bonne journée
ici Madrid
Arth

Sarah de H. a dit…

Oh, rien,je voulais juste t'embrasser, tiens.
Sarah

Didier Lestrade a dit…

Madjid me demande de répondre à Xavier.
Que puis-je dire? Il me connaît visiblement depuis longtemps (Christian Legrand!) donc il sait tout, et je suis d'accord avec lui, même pour les critiques. J'ai fait des choix à l'emporte pièce depuis toujours, ça mérite de la moquerie (tout le monde aimait Dépêche Mode autour de moi en 1980 et j'ai décidé de ne pas aimer DM alors que c'est bourré de tubes absolument essentiels) et le classique, c'est une de mes fiertés de passer à côté de ça, je me suis économisé beaucoup de discussions ennuyeuses sur Chéreau / Wagner. Finalement, j'aime pas le classique parce que c'est surtout la musique des folles que je n'aime pas.

Anonyme a dit…

La belle photo qui illustre ce texte émouvant ( pour son évoquation de Hervé Gauchet) est en parfaite adéquation avec le titre "Je te vois" ... "Une eau noire" (comme dit Renaud Camus) reflète le cosmos dans lequel flotte le regard de ceux qui ne sont plus sur terre. Je repense à un flyer d'une soirée organisée par Didier Lestrade , une photo de nuages avec un slogan "LOVE IS THE MESSAGE". Pour moi le Didier Lestrade qui fait preuve de conscience cosmique (cf Cheikh) est (aujourd'hui) le plus doux (pour employer un adjectif qu'il utilise dans ses livres), le plus talentueux. Et ce soir je me dis LOVE SHOULD REMAIN THE MESSAGE.

Xavier

Anonyme a dit…

dans un jardin arabo-andalou du XIII ème siècle :

http://www.youtube.com/watch?v=JyhESs3CuRM&feature=related

Anonyme a dit…

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/alfred_de_musset/la_nuit_de_mai.html


Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps ;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le coeur.
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.


à bientôt cher cousin

Anonyme a dit…

un cousin appelé bertrand

Anonyme a dit…

Captivant ce texte, je ne l'ai pas trouvé triste, moi. Au contraire, il est nerveux, cynique, engagé, poétique et doux. C'est ce mix qui nous conscientise, un temps soit peu..

J'espère continuer à lire des billets de DL, car il pense haut et bien, ce qu'on n'arrive pas, souvent, à mettre en ordre (dans nos têtes)et écrire noir sur blanc.

In fine je rêve d'un DL, s'exposant (idées et corps) au "grand public". FB, Twitter et Minorités ne suffisent plus, selon moi.. IL existe en France beaucoup de conservatisme, oui, mais je pense que les gens (hétéros, pd, vieux, agriculteurs, jeunes etc..) seraient, NOW, réceptifs et agréablement surpris d'entendre un discours neuf ou de la radicalité. Vu le marasme ambiant.
L'homme politique providentiel, notre Harvey Milk à nous, l'attendu, le prochain maire de Paris, ce devrait être DL, pas Fred Lefèbvre, Guéant, ni Delanoe, qui me fait honte, tant il est fade et transparent.
Oui, il y en a eu des casseroles et alors ? Personne n'est parfait, et il n'est pas con, il saura s'entourer et prendre en compte la complexité de nos sociétés, à tous niveaux..

Ma question, à DL : A quand une visibilité, plus large ? Un projet de magazine (fanzine) ?
Ps : Je ne pense pas qu'il soit trop tard, ni que tu sois trop vieux, ni que tu aies déja donné à Act Up...

Anonyme a dit…

Bon...Et si on arrêtait de se gratter la mandoline ?

E. D. a dit…

Mouarf.

Moi ce qui m'amuse c'est que ces séjours aux Etats-Unis vous donnent une image complètement américanisée de l'engagement.

Croire que l'engagement ("radical") et d'avant-garde c'est recopier les quinze bouquins amerloques qui parlent des quinquagénaires ou de Facebook, c'est quand même effarant.

Ça montre que vous êtes très avancé dans le processus de dépolitisation et de softisation stupide que vous déplorez dans ce message ; qu'à tout prendre vous êtes l'incarnation lénifiante de ce contre quoi vous prétendez vous révolter.

Et ces citations des éditos du NYT comme parole d'évangile, c'est typique de la "superficialité" également dénoncée par vous. S'engager dans une cause "fait partie des plaisirs humains de base" : typiquement le genre de propos creux qui ne veut strictement rien dire. C'est quoi un "plaisir de base" ? (On sent en sous-texte le naturalisme stupide qui a cours aux US, et votre incapacité obscène à l'identifier et à le questionner).

Ce n'est pas parce que vous ne connaissez rien à l'engagement radical, à ce qu'il est et à ceux qui le portent, que vous devez en conclure qu'il n'existe pas et qu'il n'y a "pas un seul gay de ce pays qui soit connu pour un engagement politique radical".

Didier Lestrade a dit…

Pour répondre à E.D., je ne vais quand même pas revenir sur ces critiques quant à mon admiration de la culture americaine, ça fait trop longtemps que je trouve beaucoup plus d'idées dans la presse américaine que dans la presse française. Et dans la musique, etc. ça va, c'est mon boulot, j'ai le droit de penser qu'il n'y a personne en France qui vaut Peter Tatchell ou Harvey Fierstein. Donc si tu as quelque chose contre ça, walk away, rien ne te retient ici.

Et pour répondre à l'Anonyme précédent (donnez-moi des prénoms, bordel lol), je crois que j'en ai fini des projets collectifs, je suis content de faire Minorités et d'écrire dans mon coin.
Mais bien sûr, je ne connais rien à l'activisme radical. Cette méchante folle d'E.D. va nous expliquer ce que c'est.

Denis-1 a dit…

Je t’ai croisé Lestrade à Act’Up entre 92 et 95. Dans les AG ou au local à Répu. J’étais attentif à toi. A tes interventions que je préférais à celles de tel ou tel : les construites, les posées, les informées, les à l’emporte pièce, les tranchantes, les dérangeantes. Peu m’importe. J’admirais l’aisance. Je trouvais du charisme. Et même j’éprouvais une certaine attirance pour toi. Je me souviens avoir aimé cette silhouette emmitouflée furtivement croisée dans une rue de Paris, ce visage noyé sous une capuche. Et cette soirée au cirque d’hiver.
J’ai vécu à Paris de 29 à 33 ans. J’ai débarqué dans l’état de celui qui aborde enfin des terres à sa dimension ; avec l’appétit aiguisé par des années de retenue et d’observation. J’ai commençais à envahir la ville. Je sortais, je buvais, je fumais, je bouffais, Je baisais. Sans restriction, sans réfléchir. Avec l’arrogance du corps jeune qui suit sans rechigner et de la gueule qui va bien. Comme pédé, il était tout aussi normal pour moi de sortir la nuit que de militer auprès des miens. Et pas plutôt débarqué, j’abordais de la même manière le Palace, le scorp, les soirées incorpo du Keller et les AG d’act-up. Avec pour seule retenue, celle du séronég.et son devoir d'allégeance (sic!).
Mais très vite la vie parisienne s’est mise à tourner comme un cercle hédonique vicieux. Rien ne satisfaisait jamais bien longtemps mes appétits. Rien ne me contentait durablement. Je sautais de l'assouvissement d'un plaisir à l'autre, sans étancher la soif.Je commençais à regarder cette ville et cette vie comme un grand artifice. Je découvrais l’organisation sociale de l’humanité, la hiérarchie des petites et des grosses connes. Finalement la comédie humaine. Et puis d’accord. Je peux soutenir le dictact du débardeur à 30 balais. Mais plus tard je m’en sortirais comment ?
J’ai commencé à envisager la solution intérieure. Le rapprochement du corps et de l’esprit. (Une démarche et un travail de recherche développé des années plus tard par le Dc Thierry Jansen http://www.thierryjanssen.com). Seul le chemin vers soi permet l’accomplissement. Les peurs, les colères, les envies, la maladie même ne se manifestent que par le fait de se comparer à l’autre. Suffit-il d’abandonner le prisme-étalon pour mieux-être ?
Enfin, puisque la société s’organise de telle manière pour que toujours mon A-normalité soit flagrante, alors autant accepter mon a-normalité à tous les groupes, toutes les communautés. Au lieu de me fondre, je vais me réveiller.

Denis-2-La suite a dit…

C’est ainsi que j’ai quitté Paris pour Marseille où je vis depuis. Je quittais Paris avec le soulagement d’abandonner la lutte pour l’inclusion. Je découvrais Marseille où l’on se traite d’enculé à peine qu’on se traite. Avec le sentiment que ma vraie nature devait se révéler ici. Et prendrait son importance ici.
Je garde depuis un œil distrait et discret sur les affaires du microcosme gay. J’ai pu feuilleter de temps en temps Têtu, lire ton nom Lestrade ici ou là. Récemment, je suis tombé sur un article à l’occasion des 20 ans d’Act-up . J’ai eu envie alors de me replonger un peu dans ces années. De revoir des photos de Cleews. Puis je suis tombé sur ton blog. J’ai beaucoup aimé ton post sur le feu de cheminée. Et je voulais te répondre sur l’intérêt de l’insert contre les poussières et l’odeur, mais surtout quant à la qualité de la chaleur restituée. Et te dire aussi de ne pas omettre de discourir sur la lassitude en fin de saison du nettoyage du foyer, et de la corvée pour rentrer le bois. Du coup j’avais mis ton blog dans mes favoris. Je pensais y lire des suites à la cheminée. Les chroniques poétiques et rigolotes d’une folle épanouïe qui sirote son verre de vin avec des reflets de feu dedans. Au lieu de cela, je me suis irrité à te voir t’irriter. Surtout à remarquer l’étroitesse des observations et les raccourcis. C’est sur écrire sur la sociologie des comportements à travers le prisme de Facebook (pardon : FB) ça peut entrainer des lacunes. Je m’irrite encore. De cette obsession à truffer tous tes textes d’anglais. De ce type d’expressions ou de mots qui claquent mode. Assénés de manière snobe et surjouée comme des mots et expressions parasites. Puis il y a ce dernier post et toute cette colère que tu y exprime. Qui me rappelle d’abord que la première vertu d’Act-Up, c’était de permettre aux colères de s’exprimer. Mais ce qui me stupéfait, c’est de constater les rancœurs et les frustrations accumulées. Voire des pointes de haine. D’accord. Ce que tu as accompli est grand. Et il n’y a jamais personne pour t’accrocher une médaille. C’est rageant. Ok. Tes pensées sont trop grandes pour un petit pays comme celui-ci. Mais le monde anglo-saxon doit pouvoir te comprendre. Je ne sais pas qui sont ces riches connes ou ces connes riches ou ces porcs qui vont à l’opéra ou à la mairie de Paris ou les deux, enfin je ne sais plus. Mais je m’en branle. Et je me demande pourquoi tu ne t’en branle pas aussi ? (Ce qui ferait une occasion de se branler ensemble !). Pourquoi ne pas continuer à faire ton sillon ? Ne vas pas t’épuiser à des règlements de compte stériles et nauséabonds. Le mépris du silence serait le mieux contre ces gens. Et peut-être est-il temps après t’être construit si souvent « contre » d’avancer maintenant « pour ». Toujours est-il que j’aimerais bien te lire encore à mettre de la perspective à nos vies de pédé. On cherche notre vieux visible. Un qui ne s’éteindrait pas sous les lambris d’un ministère. Un qui ne jouerait pas les veufs acariâtres et grincheux. Allez bordel. C’est bientôt le printemps ! As-tu planté tes narcisses, tes tulipes et tes jacinthes ?

Anonyme a dit…

Héhé, j'en connais un qui doit mouiller sa doudoune !

Go Denis, go !

Anonyme a dit…

@Anonyme du 26 janvier 2010 09:19

Go ! Go for him !

Anonyme du 26 janvier 2010 21:56

Didier Lestrade a dit…

Pour Denis.
Girl! Bon, tes deux messages sont juste là où il faut. Mais faudrait pas croire que c'est la première fois qu'on me le dit, ça. Tu crois que tu es la première à me dire ça? D'abord, si je faisais que des posts avec la cheminée, je t'assure que tu serais le premier à me dire "Mais où est donc passé ce Didier que je connaissais en 92, qui avait la haine?".

Ensuite, le jardin, ce qui m'entoure, c'est tellement là que je peux écrire dessus n'importe quand. J'ai déjà écrit un bouquin là-dessus, que personne n'a lu! C'est la vie! Et c'est moi qui décide quand j'écris dessus et si tu es frustré parce que je t'en donne pas assez, je suis désolé, mais le calendrier est comme ça.
Oui, j'ai planté des bulbes d'ail, oui, j'ai rentré le bois, oui, j'ai posté une photo de ma cheminée ce soir même sur Facebook (FB oui), oui mon jardin est super laid en ce moment parce que j'ai laissé plein de trucs geler dehors avant la neige.
Mais si je parlais de ça tout le temps, je serais juste Renaud Camus sans avoir le style de Renaud Camus et ce qui me rend particuilier, et c'est ça qui me fout les boules ma chère, c'est que cette haine, elle n'éxiste pas besef ailleurs et vous êtes là toutes à vouloir de L'HARMONIE, de la POESIE, de la putain de GENTILLESSE, parce que c'est le moyen le plus simple pour que les gens disent "ah il est génial ce Didier, quelle introspection, quel retrait dans l'analyse". Fuck that Mary! Et si mes mots en Anglais te font chier, n'oublies pas que j'écris comme ça depuis 30 ans maintenant et que si tu l'as pas vu avant, c'est que tu lisais autre chose, ce qui est tout à fait normal. Mais faudrait pas me faire le coup de se réveiller tout d'un coup sur mes manies ou mon style ou je sais pas quoi parce que je suis comme ça deuis longtemps et peut-être que tu t'étais fait toute une idée sur la mère Lestrade qui n'est pas moi.

On me l'a fait 800 fois le coup du "Ah c'est pas bien la haine, la colère c'est tellement mieux!". Tu as dû être à Act Up quand on me l'a sorti 799 fois ou alors tu étais au Keller pour la dernière. Et je sais très bien ce qu'on dit sur ces histoires de haine, que c'est finalement pas s'aimer de haïr à ce point et blah blah blah. C'est vraiment de la merde. Et alors, tu crois qu'on vit une vie jusqu'à 52 ans dont dont 23 en tant que séropo et qu'on n'a pas le droit d'avoir des "frustrations accumulées"? Tu vis où? T'es déjà dans les cumulo nimbus? Mes colères elles ne sont pas au niveau du cul et du sexe et du mec, elles sont au niveau de la politique et ce texte, il est sur ce sujet. Oui, j'ai morflé en 2009, à cause du boulot, de Gaza, d'un ami qui est mort. Et j'ai pas le droit de l'exprimer? C'est quoi ce délire new age? Girl, I was THERE.
Tu m'as croisé entre 92 et 95. Tu vois pas ce qui s'est passé depuis? 15 ans? C'est les 15 ans les plus importants de ma vie! Je suis content que tu aies vécu à Paris de 29 à 33 ans. Big deal. Putain tu fais fort! Moi j'y suis resté jusqu'à 44 ans. Et forcément, je suis parti parce que ces folles connes me décevaient et qu'après avoir fait Act Up, Têtu et le reste, elles étaient plus connes APRES qu'avant.

Didier Lestrade a dit…

Denis (suite)
Et ça, tes deux posts sont supers, vachement bien écrits et tout, mais ils passent à côté de ce constat et ne crois surtout pas que je sois la seule folle à considérer que les pédés sont décevants, aujourd'hui, plus qu'avant. Et ça, c'est la vraie haine, parce que si tu veux être aimé aujourd'hui, si tu veux avoir du succès, faut surtout pas le dire.

Moi j'ai mon mec, j'ai ma maison, j'ai ma santé, et je peux dire ce que je veux. Et c'est ptet ça qui te fait chier.
"Le mépris du silence". pfff.
Autant ça m'indimide les gens qui sont amourada de ce que j'écris, autant ça me hérisse les gens qui sont là croire qu'on est love love love à une époque pareille, c'est inouï...

Anonyme a dit…

Etang sans rides, eaux sombres, visage
Guerrier, combats, légende
Parfum de l’homme aimé, parole
Lointains, te parviennent des mots tendres
Qu’importe
Quel jour
La caresse d’un homme sur tes yeux

arnaud a dit…

Bonjour
quand mets tu en ligne la photo de ton nouveau visage ? Tu as l'air d'etre content du résultat et j'hésite à faire la meme chose.
Merci
Arnaud

El Niño a dit…

"Cela ne vous saute pas à la figue qu’il n’y ait pas un seul gay de ce pays qui soit connu pour un engagement politique radical ? Je veux dire, personne ?"

Oh si malheureusement...

Anonyme a dit…

fait se que bon te semble didier ! peu être seront nous mort avant toi ? est tout cela n'ai pas très grave . vos mieux vivre a fond pour un temps cour , en suivant sa route . que de crevé a 95ans avec une âme pourrie jusqu'à la moile .
par contre je suis convaincu que nos frères pédés qui ont étaient utiliser en bon cobaye pour la recherche médical se sont fait exploité et arnaquer jusqu'à l'os . ( exactement comme le sont les soldats qui vont a la guerre ) nos frères ont servie (en toute innocence) un system qui les a utilisé pour validé du vent est leurs permettre de s'enrichir a l'infini . je respecte le combat que tu a mené , pour sa noblesse d'esprit ! mais je pense que tu t'es fait duper .
ont t'a laissé croire ...
mais c'est eux qui décide , ou et
quand ! . nous vivons dans une illusion permanente dont nous somment les pions indifférenciées , des produit utilitaires que l'ont vide puis que l'ont jette . et nous parvenons a être nous même que le jour ou nous sortont de se system . c'est a se moment là que tout commence , comme si nous voyons pour de vrai pour la première fois ! en ne subissant plus rien d'autre que le temps ...notre vrai vie . alors attention , je ne prétend pas t'apprend quoi que se soi ( ta plus rouler que moi - sourir )mais je te dit se que j'ai sur le coeur par simple affection fraternel envers toi . profite bien du repos que tu t'accorde enfin , c'est toujours ça que ces chiens ne pourront pas t'enlever . ils vous ont laissé croire que vous aviez servie a quelques chose de grand et beau . mais vous leurs avaient surtout servie a justifié des dépenses qui ont atterrie dans leurs poches . l'industrie pharmaceutique n'a comme seul bute que de vendre des produit sans lequel soi disant nous serions mort et comme la vie semble t'il , n'a pas de prix ? alors sa coûte très cher .
la volonté de soigner n'existe que cher les humains ( les infirmières , les chirurgiens ) mais pas chez des industrielles
, qui ne sont que de gros dealers ! . tout ça n'est qu'une grande arnaque ( peu être la plus grande de toutes ) .
Salutations Didier , (douzi28.05.70 -