jeudi 7 septembre 2023

L'effet Palmade


 J'ai grandi dans le Sud-Ouest et partout dans cette région on se moque des Bordelais. Les gays de cette ville, les Bordelaises, sont connus pour être prétentieux, désagréables, bourgeois, ayant un complexe d'infériorité face à Paris. Pierre Palmade est à l'image des Bordelais, quelqu'un qui peut insulter tout le monde au restaurant (je l'ai vu faire) et qui pense que son mal-être est une excuse pour se comporter d'une manière abjecte. Comme Fogiel qui avait pour caricature une hyène cynique sur Canal+, comme Morandini ou Laurent Ruquier, il fait partie de ces gays français célèbres qui alimentent l'homophobie populaire car ces célébrités se croient au-dessus des lois.

L'affaire de février dernier a révolté tout le pays. Une femme enceinte a perdu son bébé, et les passagers de la voiture percutée ont été grièvement blessés. Tout de suite, il y a eu des irrégularités dans l'enquête, il manquait des données dures essentielles. On a parlé de prise de drogue pendant la conduite, mais personne n'a parlé du degré d'alcoolémie de Palmade pendant les courses au supermarché. Normalement, c'est pourtant le premier test que l'on fait à n'importe quel conducteur sous substance. Vous trouvez ça normal? Vous croyez que les gens sniffent de la coke sans alcool? Dans un pays fliqué de partout, pas d'images de CCTV lors des courses au supermarché ou sur le parking. Pas de témoignage de la pharmacie où ils sont allés acheter des seringues. Pas de témoignage des voisins de la maison de Palmade qui se trouve dans un bourg. Et surtout qui était avec lui et les escorts? Tout le monde a parlé d'un ministre du gouvernement Macron. Vous imaginez pourquoi un black-out venant d'en haut a étouffé l'affaire. Il aura fallu plusieurs mois pour que Le Parisien, sorte le 13 août tous les détails sordides de l'affaire.

Rappelons que le lendemain de l'accident, la femme de ménage a eu le temps de ranger la maison et de cacher des traces de sang ("Il y en avait partout!"). Deux jours après l'accident, le domicile de Palmade est visité la nuit, une infraction qui sous-entend que des objets ont été dérobés alors que la police, qui est intervenue avec deux jours de retard, a trouvé du matériel d'injection, avec des vidéos à caractère pédopornographique. Tout ceci devrait alourdir le dossier. Rappelons qu'un mois après l'accident, la Cour d'appel de Paris a ordonné la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Palmade. Une semaine plus tard, cette même Cour décide que son état de santé n'est pas compatible avec une incarcération. C'est vraiment généreux! Le mec est à l'hôpital et il a un AVC puis sort en rehab pour se trouver quelques semaines plus tard dans un club à Bordeaux. Vous connaissez beaucoup de monde en cure de désintox qui vont dans des clubs trois mois après un accident qui a fauché une voiture qui venait de face? Le mec n'a pas de bracelet électronique?


L'affaire Palmade est parallèle à de nombreuses affaires qui touchent des célébrités gays. Morandini, poursuivi pour des affaires avec des mineurs, est finalement toujours à l'antenne sur Cnews. Dans le showbiz, ces célébrités, amies de Mimi Marchant, donc de la femme du Président, sont à l'image des ministres gays du gouvernement Macron. C'est la première fois qu'il y en a autant. On a passé nos vies à attendre des ministres out, et ils sont tous pourris. Ces gens ne sont pas des soutiens de la cause LGBT. Dussopt avec sa loi sur les retraites, Attal avec l'abaya, et ne parlons pas d'Elisabeth Borne, c'est la première fois qu'une femme se trouve à la tête d'un gouvernement critiqué par l'ONU, le conseil de l'Europe, etc. C'est comme si Macron poussait ces folles droit devant pour faire passer les pires lois de son deuxième mandat. Cela rappelle Hollande qui a laissé grandir la Manif pour tous qui n'existait avant lui, encourageant le pire mouvement de masse homophobe depuis... des décennies.

L'impunité de Morandini, Palmade et al est la même qui touche tous les ministres du gouvernement Macron. Naïvement, on pourrait se demander pourquoi ces personnalités sont protégées par la justice et les médias, comme Marlène Schiappa. J'ai toujours été épaté de la passivité des médias LGBT quand ces célébrités provoquent des scandales. Il me semble qu'il y a pourtant matière à analyse et commentaires. Car cela ne touche pas uniquement les gays, mais aussi les lesbiennes. On a tous critiqué Renaud Camus, un homosexuel français à l'origine du "grand remplacement", mais pas de tribune des lesbiennes depuis vingt ans face à la toxicité de Caroline Fourest.  Avec les dirigeants gays du Rassemblement national, ces gays sont désormais les messagers de l'extrême droite. Et on ne dit rien? Eh les filles, vous êtes contentes du gouvernement d'Elizabeth Borne? Il faut le dire publiquement.

Il en va de notre intégrité politique, à un moment où le pays bascule dans la pauvreté et le fascisme policier, les brutalités contre les écolos qui sont désormais décris comme des "écoterroristes" alors qu'ils ne font qu'appliquer les idées de désobéissance civile de Gandhi, Martin Luther King, Thoreau et Act Up. Le meurtre de Naël, la justice qui refuse toujours de punir la mort d'Adama Traoré, des milliers de personnes tabassées dans la rue, les groupes fascistes qui manifestent au grand jour, toutes les télés et médias sous la coupe de Bolloré, une image de la France en chute libre au niveau international, l'impression d'être gouverné n'importe comment avec les chasseurs qui deviennent des milices...

Ces personnalités gays sont finalement l'illustration de la tache de Macron sur le pays, une empreinte néfaste qui permet à ces hommes de se conduire d'une manière honteuse qui rejaillit sur nous tous. Bientôt, les hétéros auront le droit de se tourner vers nous, la communauté LGBT, pour nous dire : "Sympa, merci vos leaders homosexuels sont en train de foutre le pays en l'air et on ne peut même pas les traiter d'homophobes". Mais si, vous pouvez! C'est ce que l'on pense déjà.

Ces ministres et ces célébrités nourrissent l'homophobie

Par leurs actions, ils menacent directement nos droits.

Ils sont nos ennemis.





jeudi 27 avril 2023

Vivre à 13°



Disclaimer : ce texte ne s’adresse pas aux personnes à la santé fragile

C’est la fin de l’hiver et je peux me permettre de publier ce texte qui me trotte dans la tête depuis plus d’un an. Avec la crise énergétique, le sujet du chauffage est devenu fondamental et je vois des témoignages de personnes ou de groupes qui choisissent de baisser le chauffage en hiver, pour des raisons économiques ou de self-contrôle écolo. J’ai eu des scrupules à parler de ça, car je sais que c’est un sujet politique et social, et je ne cherche pas à me montrer en exemple. Pour les familles précaires et les enfants, pour les personnes handicapées ou les malades chroniques, c’est trop douloureux. Mais je peux en parler parce que je vis seul.

D’abord, il faut dire que j’ai souffert du froid pendant toute mon enfance et mon adolescence, comme beaucoup d’enfants ayant grandi à la campagne. En Algérie, il faisait froid et il neigeait mais, jusqu’à l’âge de 4 ans, je n’en ai pas vraiment de souvenir. C’est avec l’arrivée dans le Lot-et-Garonne, en 1963, que j’ai découvert le froid. Je ne vais pas radoter sur le fait que les hivers étaient alors plus rigoureux, les statistiques sont là, mais l’hiver était une période dure. Il y avait une grande cheminée au rez-de-chaussée, mais on n’a pas eu le chauffage central pendant longtemps. Il n’y avait qu’un poêle à mazout pour toute la maison. Le matin, au réveil, avant l’école, mon père faisait brûler une assiette d’alcool devant le lit, mais cela ne suffisait pas. La salle de bains était grande, presque impossible à chauffer. Il neigeait souvent et, à la ferme, la résistance au froid était encouragée. Cela faisait partie de la vie : chaque hiver est une épreuve, pour les animaux comme pour les hommes, un test qui dure toute la vie d’ailleurs. En arrivant à Paris, ce fut les squats, les chambres de bonne, et le premier appartement bien chauffé, je ne l’ai eu qu’à 25 ans, en 1983. Pendant ce temps, lors des voyages à Londres, on voyait bien que chez les Anglais c’était pire, les salles de bains mal isolées, c’était un enfer.

C’est avec mon départ de Paris, en 2002, que le retour à la campagne m’a fait redécouvrir le froid, mais je m’étais déjà préparé mentalement. La maison avait du chauffage au sol au rez-de-chaussée, une belle cheminée, mais j’ai tout de suite pris l’habitude de fermer les portes des chambres d’amis quand il n’y avait personne pour réduire les notes d’électricité.

C’est en déménageant dans ma nouvelle maison, en 2017, que j’ai poussé ma technique plus loin, dans une optique de décroissance. C’est une maison ancienne, datant de 1860, avec des murs épais, mais elle est mal orientée et ne bénéficie pas du soleil à l’ouest, une hérésie campagnarde. Ici aussi, j’ai pris l’habitude de ne pas chauffer le premier étage où se trouvent les chambres et la salle de bains. Je ne mets le chauffage que lors des visites, et encore, mon frère Philippe s’est plaint la dernière fois qu’il avait froid, il a passé deux jours devant la cheminée, donc désormais je suis plus attentif. Comme on a grandi ensemble, je croyais qu’il n’était pas frileux, je me suis trompé, sorry. Il n’empêche que cette année encore, je n’ai pas chauffé ma chambre une seule fois, l’hiver a été doux dans ma région et je suis satisfait de mes notes d’électricité (200 euros tous les deux mois).

Comment y arriver ? C’est simple. Mon conseil N°1, c’est la bouillotte. Oui, je sais, ça fait vieille folle. Mais je m’en sers toute la journée ! Quand j’écris ou que je regarde la télé au salon, elle est avec moi dans le divan. Quand je vais faire une sieste aussi. Et tous les soirs avant d’aller au lit, c’est fondamental. C’est peut-être rébarbatif de faire ça pendant trois mois, mais aller chercher des bûches pour la cheminée l’est aussi, donc ça fait partie de la discipline hivernale. Pour les invités, il y a deux catégories. Certains préfèrent entrer dans un lit déjà chaud, il faut alors mettre la bouillotte une heure avant de se mettre sous la couette. Moi je l’apporte avec moi au coucher, du moment que mes pieds sont au chaud, je peux affronter une chambre non chauffée. Et puis c’est plus sain pour le sommeil.

Conseil N°2 : un bon pull en laine et une veste polaire si nécessaire. Dormir avec un pull en laine très doux peut être une bonne solution. La laine ne garde pas la transpiration, et mon amie Chantal m’a tricoté un pull qui est désormais comme un pyjama. Comme il a été tricoté trop grand, avec une laine très douce, c’est super. Je dors aussi avec des chaussettes en laine, pas toujours, mais c’est essentiel. Et comme je suis vieux, je porte parfois un bonnet !

Conseil N°3 : les plaids. Mon frère Lala m’en a offert trois, le plus beau je l’ai offert à ma mère, c’est du Mohair et c’est vraiment agréable quand on regarde la télé. J’ai vu des couples d’amis s’emmitoufler dedans quand ils viennent, c’est drôle. J’essaye de leur faire comprendre qu’on peut très bien vivre en dessous de 18° ou 19°. Quand je suis seul (et je souligne ça, car je n’ai aucune envie d’imposer le froid à mes invités), il fait 13° dans le salon, parfois même 12°. J’ai deux radiateurs électriques que je mets en économique, toute la journée. Mais quand la cheminée de la cuisine est allumée, avec l’insert du salon, je peux arrêter le chauffage électrique car on atteint 17° ou 18°, ce qui est suffisant. Pour la salle de bains, je n’utilise jamais le chauffage électrique, je mets juste en marche un de ces petits radiateurs cubiques cinq minutes avant de prendre ma douche, c’est largement suffisant.

Ramasser le bois en été, faire des fagots, rentrer les bûches à la cave pour l’hiver, c’est une obligation à la campagne et on doit pouvoir évaluer la quantité de bois nécessaire pour passer la mauvaise saison. C’est quand même un immense plaisir de se chauffer avec des bûches qui viennent du terrain. Je garde les plus belles pour mes invités, celles qui ont de jolies formes ou qui brûlent bien comme celles qui sont en pin. Je suis la Log Lady de Twin Peaks! Je n’achète plus de bois à mes voisins agriculteurs, ce qui me rend plus indépendant.

La crise énergétique que nous vivons ne va pas se terminer de sitôt. L’électricité, le gaz et le mazout resteront chers pour les années à venir. Par exemple, je trouve ridicule de chauffer la nuit. J’aimerais bien changer l’isolation du toit, mettre des panneaux solaires, mais les aides sont réservées aux propriétaires, ce qui est une injustice sociale supplémentaire. De même, mon terrain serait idéal pour la géothermie, mais nous savons que notre pays n'a pas entamé sa transition énergétique, contrairement aux pays voisins. Faites le test, prenez le train et regardez par la fenêtre (pour une fois). Vous verrez qu’il y a très peu de panneaux solaires en France. 

Voilà, c’était juste un petit texte pour raconter comment on peut s’habituer à affronter le froid sans devenir malade – ou fou.