Diego Barros fait partie de ces stars instantanées qui naissent à partir du site Only Fans, une version améliorée et payante de Cam4, où des inconnus se filment pendant que les gens discutent et envoient de l'argent pour montrer leur approbation. C'est une prostitution virtuelle que les jeunes utilisent pour répondre à leur soif d'exhibitionnisme qui est un des marqueurs de la sexualité d'aujourd'hui. Sur Tumblr, on voit beaucoup de mecs qui se déshabillent dans des endroits loufoques comme des supermarchés ou des trains. Talk about manspreading lol. Il y a même un Tumblr spécialisé dans les mecs qui se branlent dans leurs voitures, ce qui est une nouvelle catégorie érotique en soi. Diego Barros est un Brésilien bien foutu, pas forcement mon genre mais qui déborde de swag et qui se filme en jouant avec lui-même, avec beaucoup de tease. Il est probablement hétéro, en tout cas complètement gay for pay.
Je me suis beaucoup demandé pourquoi ce post avait tant de succès. Je crois avoir été le premier à faire une capture d'écran de lui donc c'est du hasard et de l'intuition. Quand une image dépasse 10.000 likes, à partir d'un Tumblr minoritaire (je n'ai que 8000 followers), elle devient un symbole moderne qui capture un érotisme contemporain. La différence avec un post sur FB ou Twitter, c'est qu'il disparaît très vite, poussé par les autres. Ici, cette image vit toute seule et se propage à travers le monde et dure dans le temps, c'est intéressant, c'est un genre de production très warholien. Ce n'est pas la personne à l'origine du post qui importe, c'est son propre développement, sans promo, sans buzz.
Only Fans est en train de changer imperceptiblement la production pornographique actuelle avec de plus en plus de scènes où les acteurs s'adressent à leur caméra d'ordi ou se filmant avec leurs portables. Quand les gens baisent aujourd'hui, le fait de prendre son portable pour se filmer devient presque anodin, autant pour documenter sa performance que pour avoir un souvenir, comme un selfie devant la Tour Eiffel. Cela crée de nouveaux angles qui ont déjà intégré le porno traditionnel avec le POV. Mais le porno traditionnel persiste dans l'idée que les acteurs ne doivent pas regarder la caméra comme s'ils avaient prétenduement oublié qu'elle est là. Only Fans rajeunit le format en incorporant directement l'œil du voyeur qui se sent privilégié d'être témoin de ce qui se passe, comme si la scène avait été faite pour lui. C'est une forme de pornographie où le réalisateur a complètement disparu, il n'y a plus de troisième personne dans la pièce qui choisit l'éclairage, le décor, les positions sexuelles. Dans un des récents films de Only Fans, le vétéran Rocco Steele baise avec un mec jeune, Gabriel Cross, qui s'assoit sur la bite de Rocco sans même soupirer mais ce sont les regards vers la caméra qui font toute la différence. Ils regardent l'objectif comme s'ils avaient un miroir devant eux mais ce miroir est le public. Cette technique toute simple mais irrésistible influence déjà des studios indépendants comme MEN.com où la récente scène "Tell Me What To Do" de Diego Sans (vraiment, un des plus beaux Brésiliens de Now) regarde la caméra et s'adresse à elle pendant qu'il baise Allen Lucas.
Only Fans est en train de changer imperceptiblement la production pornographique actuelle avec de plus en plus de scènes où les acteurs s'adressent à leur caméra d'ordi ou se filmant avec leurs portables. Quand les gens baisent aujourd'hui, le fait de prendre son portable pour se filmer devient presque anodin, autant pour documenter sa performance que pour avoir un souvenir, comme un selfie devant la Tour Eiffel. Cela crée de nouveaux angles qui ont déjà intégré le porno traditionnel avec le POV. Mais le porno traditionnel persiste dans l'idée que les acteurs ne doivent pas regarder la caméra comme s'ils avaient prétenduement oublié qu'elle est là. Only Fans rajeunit le format en incorporant directement l'œil du voyeur qui se sent privilégié d'être témoin de ce qui se passe, comme si la scène avait été faite pour lui. C'est une forme de pornographie où le réalisateur a complètement disparu, il n'y a plus de troisième personne dans la pièce qui choisit l'éclairage, le décor, les positions sexuelles. Dans un des récents films de Only Fans, le vétéran Rocco Steele baise avec un mec jeune, Gabriel Cross, qui s'assoit sur la bite de Rocco sans même soupirer mais ce sont les regards vers la caméra qui font toute la différence. Ils regardent l'objectif comme s'ils avaient un miroir devant eux mais ce miroir est le public. Cette technique toute simple mais irrésistible influence déjà des studios indépendants comme MEN.com où la récente scène "Tell Me What To Do" de Diego Sans (vraiment, un des plus beaux Brésiliens de Now) regarde la caméra et s'adresse à elle pendant qu'il baise Allen Lucas.
Only Fans est le signe d'une réappropriation du porno par les jeunes d'aujourd'hui. C'est leur moyen d'accéder à la célébrité et l'argent sans passer par le biais du studio, même amateur. Ils contrôlent ainsi complètement leur image même si tout ce qu'ils font est le signe d'un abandon de la pudeur. C'est une prolongation de Snapshat, exactement comme Tumblr est le prolongement d'Instagram avec ces milliers de selfies de mecs qui font leur propre promo pour rencontrer encore plus de mecs. C'est un signe d'intersection entre des réseaux sociaux qui grandissent tellement qu'ils débordent sur les autres.
Je reste très étonné par les différences intellectuelles entre les différents réseaux sociaux. Les gens qui aiment Facebook dénigrent Twitter et inversement. En même temps, les utilisateurs de Facebook et Twitter ne comprennent pas Tumblr. C'est pourtant le même système de scroll. Je ne fais pas de différence entre les discussions de Facebook, l'info de Twitter ou le sexe de Tumblr. Il y a du bon et énormément de déchet. Je les mets au même niveau car tous ces réseaux sociaux sont l'expression d'un moi invisible, comme l'a expliqué la série "The OA", une manifestation de ce que l'on est vraiment, en dépit ou à cause du regard de la société. Par exemple, je vérifie systématiquement tous les blogs des mecs qui me suivent sur Tumblr. Ça m'intéresse beaucoup plus que sur Facebook. Le problème, c'est que FB et Twitter sont des enjeux de pouvoir avec une main-mise de ce que les anglais appellent "virtue signaling", cette manière de vous faire chier dès que vous utilisez un mot qui va offusquer un troll.
Ce qui est merveilleux sur Tumblr, c'est l'absence de censure associée à l'absence de conflit. Il n'y a vraiment personne qui va râler sur le fait que j'objectifie les hommes ou que je publie des photos politiques clairement pro-palestiniennes. Contrairement à FB ou Twitter où il y a toujours un con quelque part qui se sent offensé par un avis, et je suis bien placé pour le savoir, Tumblr est le seul espace libre d'Internet. Je l'ai déjà écrit sur ce blog, là et là, Tumblr est un anti dépresseur basé sur l'érotisme et le collage. Dans son dernier stand-up sur Netflix, Ricky Gervais dit que pour lui le monde moderne était génial jusqu'à il y a 2 ans et quelque (2015 après J.C. donc) à cause de la surenchère des gens qui se sentent agressés par la moindre blague sur Caitlyn Jenner. D'ailleurs tous les grands du stand-up (Dave Chapelle, etc) discutent des polémiques idiotes dans lesquelles ils se sont emmêlés en racontant à quel point la planète est devenue ridicule à cause de ces trolls qui utilisent le politiquement correct pour faire chier tout le monde (oui vous savez que je parle de vous, bande de cruches). Tumblr est toujours un média inspirationnel car on y trouve presque pas de conflit. Et vous savez quoi? C'est surtout un média de mecs. Sans conflit. Des hommes, sans bagarre? Ça existe quelque part? Ben oui, et tout ça concentré dans une photo de Diego Barros.