La rumeur dit que le maire de Paris déprime sérieusement. Depuis le Congrès de Reims, il serait moins visible. Moins présent lors des réunions. Il serait déçu et silencieux à la fois - et le score catastrophique du PS lors des dernières élections européennes n'a vraiment rien arrangé. Tout le monde fait comme si c'était normal. Je ne me réjouis pas de ce spleen politique et personnel. Après tout, personne n’est à l’abri d’une mauvaise période. On pourrait même penser que la traversée du désert est une obligation existentielle dans le monde de la politique. Il faut avoir connu cette solitude, cette incapacité à réagir, cet isolement philosophique, cette lassitude même, pour trouver la force de s’affirmer à nouveau comme un homme meilleur.
Donde esta ?
Le problème, c’est que si ces rumeurs sont fondées, le Maire de Paris traverse une mauvaise passe quand le reste du pays, que dis-je, le reste du monde, vit en plein désarroi. Raison de plus pour suivre le mouvement, me direz-vous. Ce maire est un homme comme les autres, il a bien le droit d’être flipounet quand la planète a la fièvre. Mais il ne faudrait pas trop se cacher longtemps derrière la crise actuelle pour expliquer une vacance du pouvoir qui commence à s’éterniser, surtout quand tant de problèmes doivent être résolus, quand les électeurs espèrent plus que jamais une écoute et une prise en considération de leurs problèmes. Car, quoi, cette crise concerne directement le maire de la ville la plus riche de France. Nulle part ailleurs, la bulle immobilière a été aussi agressive et destructrice. Nulle part ailleurs, la montée du chômage précarise autant les jeunes et les travailleurs indépendants. Nulle part ailleurs, les transports publics sont aussi vétustes et débordés, désespérant des millions de personnes tous les jours.
Berlin oui, Paris non.
Le Grand Paris ? Bertrand Delanoë semble à côté de toutes les grandes décisions. La culture ? En temps de crise, c’est encore pire que d’habitude – et nous sommes trous entourés de personnes qui ont fini par admettre qu’elles n’attendent plus beaucoup de cette ville. Berlin, oui. Paris, non. La qualité de la vie ? Faites le test du nombre de SDF any given day et comparez avec une autre capitale. L’écologie ? Communiquer sur les panneaux JD Decaux ne suffit sûrement pas. Il suffit de traverser n’importe quel quartier de Paris pour voir que tout vivote ; ça survit, c’est tout. Cette ville est à l'image de la station de métro Réaumur Sébastopol : crade, voire pisseux, pas très jeune, vraiment pas dynamique. C’était déjà triste avant la crise, c’est désormais carrément flippant, surtout quand on vit comme moi en province. Paris, c’est désormais beaucoup plus glauque que Bordeaux ou Lyon, je vous assure.
Computer says no.
La grande réponse à ces problèmes, à chaque fois, c’est de dire que la faute incombe à l’Etat. LaMairie de Paris répond toujours que la vie infernale du RER B, de la ligne 13, c’est la faute de la région et de la RATP. Le logement ? C’est la bulle, on ne peut rien y faire. Le sida ? Ne me lancez pas sur ce sujet, Paris est la seule ville européenne à subir une prévalence du VIH chez les gays digne des pires coins de l’Afrique. Et comme l’électorat principal de cette ville, c’est presque un mix pas très folichon de bobos, d’homosexuels ou de profs, ou de profs homosexuels bobos comme vous voulez, la réponse a pour l’instant résisté aux critiques et aux échéances électorales. Toujours, le même contre argument : « Tu préfères que la droite soit à la Mairie ??? ». La politique de l’homosexuel le plus célèbre de France a toujours été basée sur le silence. Maître de communication (enfin, c’est ce qu’on dit), Delanoë met le mutisme au centre de sa réputation politique. Il excelle quand il n’est pas là. Chaque jour davantage, la crise devient de plus en plus inquiétante. Mais le Maire de Paris est inaudible sur le sujet. Les gouvernements du monde entier tentent d’imaginer des plans de relance, ou, a minima, des plans de communication. La mairie de Paris ? Rien. On le répète : nous parlons ici de la ville la plus riche de France, au centre de la région la plus riche de France, toutes les deux dirigées par des personnalités de gauche. OK, elles se détestent, mais quand même. Si deux socialistes ne parviennent pas à mettre de côté leurs rivalités, dont on se tape totalement, au moment où tout va mal dans la société, leur responsabilité politique dans le non management de cette crise est évidente. On dirait que sa seule réponse, c'est de transformer la place de l'Hôtel de Ville en terrain de tennis. Ensuite, il enchaînera avec « Paris Plages ». C’est vrai, ça se tient. On dirait la saison 4 de « The Wire ». En pire.
Donde esta ?
Le problème, c’est que si ces rumeurs sont fondées, le Maire de Paris traverse une mauvaise passe quand le reste du pays, que dis-je, le reste du monde, vit en plein désarroi. Raison de plus pour suivre le mouvement, me direz-vous. Ce maire est un homme comme les autres, il a bien le droit d’être flipounet quand la planète a la fièvre. Mais il ne faudrait pas trop se cacher longtemps derrière la crise actuelle pour expliquer une vacance du pouvoir qui commence à s’éterniser, surtout quand tant de problèmes doivent être résolus, quand les électeurs espèrent plus que jamais une écoute et une prise en considération de leurs problèmes. Car, quoi, cette crise concerne directement le maire de la ville la plus riche de France. Nulle part ailleurs, la bulle immobilière a été aussi agressive et destructrice. Nulle part ailleurs, la montée du chômage précarise autant les jeunes et les travailleurs indépendants. Nulle part ailleurs, les transports publics sont aussi vétustes et débordés, désespérant des millions de personnes tous les jours.
Berlin oui, Paris non.
Le Grand Paris ? Bertrand Delanoë semble à côté de toutes les grandes décisions. La culture ? En temps de crise, c’est encore pire que d’habitude – et nous sommes trous entourés de personnes qui ont fini par admettre qu’elles n’attendent plus beaucoup de cette ville. Berlin, oui. Paris, non. La qualité de la vie ? Faites le test du nombre de SDF any given day et comparez avec une autre capitale. L’écologie ? Communiquer sur les panneaux JD Decaux ne suffit sûrement pas. Il suffit de traverser n’importe quel quartier de Paris pour voir que tout vivote ; ça survit, c’est tout. Cette ville est à l'image de la station de métro Réaumur Sébastopol : crade, voire pisseux, pas très jeune, vraiment pas dynamique. C’était déjà triste avant la crise, c’est désormais carrément flippant, surtout quand on vit comme moi en province. Paris, c’est désormais beaucoup plus glauque que Bordeaux ou Lyon, je vous assure.
Computer says no.
La grande réponse à ces problèmes, à chaque fois, c’est de dire que la faute incombe à l’Etat. LaMairie de Paris répond toujours que la vie infernale du RER B, de la ligne 13, c’est la faute de la région et de la RATP. Le logement ? C’est la bulle, on ne peut rien y faire. Le sida ? Ne me lancez pas sur ce sujet, Paris est la seule ville européenne à subir une prévalence du VIH chez les gays digne des pires coins de l’Afrique. Et comme l’électorat principal de cette ville, c’est presque un mix pas très folichon de bobos, d’homosexuels ou de profs, ou de profs homosexuels bobos comme vous voulez, la réponse a pour l’instant résisté aux critiques et aux échéances électorales. Toujours, le même contre argument : « Tu préfères que la droite soit à la Mairie ??? ». La politique de l’homosexuel le plus célèbre de France a toujours été basée sur le silence. Maître de communication (enfin, c’est ce qu’on dit), Delanoë met le mutisme au centre de sa réputation politique. Il excelle quand il n’est pas là. Chaque jour davantage, la crise devient de plus en plus inquiétante. Mais le Maire de Paris est inaudible sur le sujet. Les gouvernements du monde entier tentent d’imaginer des plans de relance, ou, a minima, des plans de communication. La mairie de Paris ? Rien. On le répète : nous parlons ici de la ville la plus riche de France, au centre de la région la plus riche de France, toutes les deux dirigées par des personnalités de gauche. OK, elles se détestent, mais quand même. Si deux socialistes ne parviennent pas à mettre de côté leurs rivalités, dont on se tape totalement, au moment où tout va mal dans la société, leur responsabilité politique dans le non management de cette crise est évidente. On dirait que sa seule réponse, c'est de transformer la place de l'Hôtel de Ville en terrain de tennis. Ensuite, il enchaînera avec « Paris Plages ». C’est vrai, ça se tient. On dirait la saison 4 de « The Wire ». En pire.
While my guitar gently weeps.
Le silence du maire gay de Paris est à l’image du silence de la communauté LGBT sur la crise. Pour l’instant, c’est comme si la peur exercée par cette dégringolade du marché du travail, de l’immobilier, de tout, concernait le reste de la société – mais pas les gays. La vacance deleadership est hallucinante. Delanoë se comporte face à cette crise comme il s’est comporté pendant le congrès de Reims : en disparaissant. À chaque fois, c’est un pet dans le désert. Les gens se tournent vers lui, mais il s’enfuit. Les gens pensent que c’est pendant les crises que le maire doit donner toute l’ampleur de ses qualités. Mais ils commencent à se dire que ce maire-là n’est bon que lorsque tout va bien, quand l’immobilier gagne 10% par an, sans rien faire. Et que les voyageurs de la ligne 13 ferment leur gueule, parce qu'ils sont en majorité Arabes et Noirs. Si vous regardez les chaînes d'info à la télé, l’absence de Delanoë est criante. On ne voit jamais son visage. Il n’est jamais invité, il ne participe à aucune émission ou talk show. Which is fine, j'ai pas envie de le voir. Mais c’est la politique de la ville qui n’est jamais débattue. Ses lieutenants sont pratiquement absents. La couverture médiatique de la politique de Paris est invisible. C’est d’ailleurs la grande réputation de Delanoë : derrière lui, il n’y a presque personne. Bref, ce maire ne sait pas affronter la crise comme il ne sait pas affronter les batailles à l’intérieur de son parti. Il laisse faire, il croit que la situation va se guérir toute seule, en pourrissant.
Idée fixe : kaput.
De fait, les apparitions du maire furent succinctes lors du récent discours de Sarkozy sur le Grand Paris. Lors de la manif du 1er mai, cela s’est réduit à une photographie rapide avec Martine Aubry. Deux occasions rêvées de faire entendre fortement sa voix face à des sujets brûlants. Même au moment de l’explosion de l’épidémie du virus A(H1N1), Delanoë aurait dû s’exprimer, en tant que maire d’une grande capitale mondiale. Rien.
Depuis des années, le maire gay de Paris avait la responsabilité de diriger la modernisation des infrastructures, qui sont là pour libérer la créativité. Il ne l’a pas fait quand tout allait bien, il n’a pas l’air d’avoir la moindre idée de ce qu'il faut entreprendre quand tout va mal. Bref, c’est un maire gay qui ne sait pas manier ce qui pourtant devrait être le plus inné chez lui : le drama. Dans une crise mondiale, celui qui s’en sort, c’est celui qui exprime le drame, comme à l’opéra, comme chez Mary J.Blige. Voilà un maire homosexuel qui ne sait pas attirer à lui la souffrance urbaine pour en faire un outil de transformation. Il est paralysé par sa propre déprime. Tout le monde s’accorde pour dire que le sentiment de colère gonfle à travers le monde. Mais la déception monte aussi envers le silence de la Mairie de Paris et le peuple de gauche commence à s’énerver à force de constater que la chaise est vide. Même la communauté gay voit son champion se comporter comme Marie-José Perec pendant les JO de Melbourne. Quiproquo, fragilité, silence, voilà des comportements tout à fait compréhensibles. Tout le mode sait que les champions gagnent leurs médailles grâce à leurs performances. Mais surtout grâce à leur aptitude à affronter le stress et le doute. Le maire de Paris déçoit, c’est ce qui le déprime. Et la nouveauté, c’est que les gays qui l’ont tellement aimé ne se retrouvent plus dans cet homme fade, sans idée, sans vision. « Dans un état de mort apparente » comme on dit aux news de la télé.