mercredi 3 février 2010

Le message de Dallas


Le 29 septembre 2009, Larry Kramer était le grand marshall de la Gay Pride de Dallas. Pas vraiment le rassemblement le plus important des Etats-Unis, avec juste 10.000 personnes. Par exemple, Larry n'a pas jamais été invité à mener la Gay Pride de New York, ce qui en dit long sur les polémiques qui l'entourent et surtout les engueulades qu'il entretient avec ses propres amis.

Mais je l'adore toujours. J'ai des amis qui me disent "Tu devrais te désolidariser de Larry, il est has been". Je vois bien ce qu'ils disent, mais je ne le pense pas exactement comme ça. Je sais qu'il est incroyablement années 90. Mais il est tellement unique. Il y a quinze ans, je me disais que ça serait bien de ressembler à Mel Cheren quand je serais vieux, un daddy toujours sur le dancefloor. Maintenant, je vois vraiment que c'est pas la musique qui m'intéressera jusqu'au bout. Ce sera la politique. Et je crois que ce que dit Kramer, même si on le passe au filtre de toutes les critiques, ça reste très fondamental.
Voilà ce qu'il a dit ce jour-là.


"Nous ne devons jamais oublier que tout ce que nous avons gagné peut très vite nous être repris. Nous l'avons vu maintes et maintes fois. Les présidents se succèdent et continuent de nous ignorer. Celui-ci n'est pas différent. Une fois de plus, il ne se bouge pas pour nous et nous le laissons s'en tirer comme ça. Ce président est une cause perdue de plus pour nous et je prédis qu'il le restera.

Nous devons nous souvenir que nous n'avons pas la liberté de nous marier, d'hériter, d'adopter, de partager notre assurance santé, d'apprendre notre histoire dans nos écoles. D'apprendre que nos deux plus grands présidents, Washington et Lincoln, étaient gays. Nous n'avons pas cette liberté de vivre qu'ont les hétéros. Nous n'avons pas la liberté d'avoir des bars sans descentes de police ni agents qui nous frappent avec une telle fureur que nous finissons à l'hôpital.

Nous n'avons pas appris à nous défendre avec la même fureur que celle avec laquelle ils s’abattent sur nous. Vous n'obtenez rien de plus avec du miel qu'avec du vinaigre. Il y a plus d'un millier d'avantages sociaux que les couples hétéros obtiennent et qui nous sont refusés. Ce n'est pas la liberté. Ce n'est pas l'égalité. La Déclaration des droits américaine dit que nous sommes censés être égaux.

Vous devez savoir, nous ne devons jamais oublier que tous les traitements contre le VIH/sida ne sont là que grâce aux militants gays de la lutte contre le sida, menés par les groupes ACT UP aux quatre coins du pays et Project Inform à San Francisco. Ils ne sont pas venus du gouvernement. Ils sont venus parque la population gay s'est battue comme des tigres et furies enragées pour que le système qui nous hait veuillent bien nous les donner. Si vous voulez lire comment nous y sommes arrivés, prenez mon livre, The Tragedy of Today's Gays (La tragédie des gays d'aujourd'hui). Cette réussite, l'obtention de ces médicaments, je crois que c'est tout simplement la plus grande réussite que les gays aient accomplie dans toute l'histoire et que l'on doit se souvenir de nous pour cela.

La leçon devrait être claire. La leçon devrait être évidente. Elle doit nous montrer ce que nous sommes capables de réaliser lorsque nous regroupons nos esprits et nos cœurs et nos cerveaux et nos corps et que nous travaillons ensemble, tous ensemble, comme les frères et sœurs d'une grande famille. Il n'y a pas une personne ici aujourd'hui qui ne soit capable d'être ainsi militante.

Nous n'obtenons que ce pour quoi nous nous battons. Et nous ne nous battons pas. Chacun d'entre nous ne se bat pas. Ils se battent mieux que nous. Il y a un fond concerté et inépuisable de haine dans ce pays et dans ce monde voué à nous tenir à notre place. C'est injuste de forcer les gens à être ce que nous ne sommes pas — libres. Nous ne sommes pas libres.

J'adore être gay.

J'adore les gays.

Comment dire ça sans vexer le reste du monde, je pense que nous sommes meilleurs que les autres.

Je pense que nous sommes plus intelligents.

Je pense que nous sommes plus talentueux.

Je pense que nous sont plus conscients.

Je pense que nous faisons de meilleurs amis.

Je pense que nous faisons de meilleurs amants.

Je pense que nous sommes plus à l'écoute de ce qui se passe, de ce qui est dans l'air, de nos émotions et des émotions des autres.

Oui, je pense que les homosexuels sont mieux que les autres. Je pense que la seule chose à laquelle nous ne sommes pas si bons, c'est de nous défendre.

J'entends parler de la nouvelle génération de gays et de l'ancienne génération de gays, et de combien nous sommes différents. Ce n'est pas vrai. Nous ne sommes qu'une seule génération. Nous sommes tous apparentés. Nous sommes tous les frères et sœurs les uns des autres. Nous ne sommes qu'une seule famille, la famille gay.

Et je désire passionnément et désespérément que tous mes frères et sœurs restent en vie et en bonne santé et sur cette terre, en complète égalité avec chaque personne hé-téro.

Être gay est la chose la plus importante de ma vie.

J'adore être gay. J'espère qu'il en est de même pour vous".

Traduction par Yves Averous, that little gem.

3 commentaires:

  1. J'adore...
    Extrême au possible. Il va jusqu'au bout de son amour, de sa passion. Encore un texte qui fait du bien.

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  2. Merci pour la traduction. Très fort.

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  3. Je trouve cet homme d'une sincère mauvaise foi quand il place les gays , sujets de son amour, au-dessus des autres.
    Mais comme le remarque justement cette "morue barbue", cet amour constitue aussi l'essentielle source d'énergie motrice pour l'action politique, la colère n'étant qu'une conséquence devant le constat des injustices.
    Et en cela, il est compréhensible que certains le soutiennent inconditionnellement...

    Solange

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