dimanche 19 décembre 2010
L'inceste qui fait pshitt
Cette histoire d’inceste présumé dans la famille de Villiers est hallucinante. Quand on lit l’article publié dans Libération du 17 décembre, il y a vraiment de quoi se demander pourquoi cette affaire n’est pas la news politique N°1 du moment. Ce n’est pas que Libération nous apprenne beaucoup de choses, cette histoire est tellement abracadabrante que de nombreux détails ont filtré depuis quelques années et à chaque fois nos yeux se sont écarquillés, la tête a été prise de vertiges, on a tous subi une hypoglycémie soudaine et inexpliquée. Une famille hyper catholique qui se déchire pour des rumeurs de viols répétés, tout ça sous le regard de l’entourage et de la classe politique, normalement ça devrait sonner la fin d’une carrière, la fin du nom et surtout la fin de la marque de Villiers.
Dans n’importe quel pays, les médias et la classe politique auraient soulevé les contradictions entre la parole religieuse et une histoire abjecte (ce que certains ne cessent de dénoncer dans l’Islam, mais je ne sais pas si Caroline Fourrest ou Finkielkraut ont dit quoi que ce soit sur cette affaire de Villiers, étrange). Il y a ici matière à scandale énooorme. Bien sûr, la justice accouche d’un non-lieu. Soit. Mais est-ce que l’annonce de ce non-lieu ne mérite pas davantage en exposition que le simple fait de passer la news dans la file télex des chaines câblées ? Est-ce que cette histoire ne reflète pas ce qui est le pire en France ? Et surtout, quand on voit le retentissement des scandales de pédophilie dans le clergé, dans tous les pays (sauf la France, comme si les curés français ne s’étaient pas amusés avec des petits garçons et des petites filles depuis les années 60), n’y a-t-il pas un seul journaliste pour mener l’enquête à son terme ? Normalement, quand des affaires de ce genre explosent à l’étranger (et c’est courant), les télés montrent toujours la même chose: l’homme politique, père de la famille, s‘excuse devant le portail de la maison, sa femme à ses côtés (furieuse mais silencieuse) et ses enfants (mortifiés). Dans cette affaire, la justice a prononcé un non-lieu, mais cela ne veut pas dire que rien ne s’est passé.
Je me demande: où sont donc passés tous les joyeux laïcards rassemblés par Borloo il y a une semaine qui, normalement devraient dévorer cette affaire, la monter en sauce ? Si on découvrait qu’un homme politique musulman intégriste - ou pas (oui je sais, ça n’existe pas en France) vivait une telle situation dans sa famille, il ne résisterait pas une semaine à la vindicte populaire. La classe politique se détournerait de lui en 24 heures, cet homme se retrouverait isolé, acculé par ses adversaires et par ses alliés qui lui reprocheraient d’attirer la honte sur son camp politique et surtout sur ses convictions religieuses. Or, cela fait plus que 4 ans que cette affaire est rendue publique et tout porte à croire qu’elle va être enterrée. Aimons-nous à ce point de Villiers pour le protéger ainsi ? Que ce soit à droite ou à gauche, n’a-t-il pas assez d’ennemis pour que certains expriment leur dégoût pour cette affaire ? Que faut-il donc faire pour soulever le cœur de la classe politique ? Que pense Ségolène Royal, la voisine de De Villiers ?
Et là je vais aborder le point central. Que les médias et la classe politique ne fassent pas leur travail, on commence à être habitué. Le pays entier est effaré par cette affaire. Mais ces histoires de pédophilie et d’inceste sont toujours mises sur notre dos, à nous, les homosexuels, alors que dans ce cas spécifique, il n’y a pas de gay à des lieues à la ronde. Pendant des siècles et encore aujourd’hui, les homosexuels ont été associés à ces crimes, c’est notre réputation, et nous nous battons sans cesse contre cette association d’idées, cet amalgame comme on dit de nos jours. Dans cette affaire, je le répète, il n’y a pas un seul homosexuel à l’horizon. On est même au cœur d’une famille hétérosexuelle parfaite, féconde, claironnant sans cesse ses valeurs traditionnalistes. Et pas un média gay, pas une seule association LGBT qui ne fasse le lien entre ce scandale étouffé par on ne sait qui et la régularité avec laquelle les groupes cathos traditionnels de droite accusent les homosexuels de pervertir la société, sur ces thèmes précisément. Je suis fier de le dire: dans cette affaire, nous n’avons rien fait. Nous n’avons pas perverti cette famille. De fait, je suis à peu près certain que l’idée homosexuelle a été bannie à des kilomètres du foyer des de Villiers. C’est donc dans la famille la plus « juste » de France, la plus « légitime », par sa « noblesse » même, que le drame a divisé un clan, les parents et les enfants et pire: les enfants entre eux. Se rebeller contre ses parents, c’est finalement normal. Se battre entre frères et sœurs, c’est catastrophique.
Donc, mon conseil. La prochaine fois que vous entendez des hétérosexuels parler de pédophilie, d'inceste, d’impossibilité d’adoption chez les gays ou d’histoires étranges chez les lesbiennes, n’oubliez pas de rappeler ce cas d’école vendéen. Il y a eu non-lieu ? Soit. Mais tout le monde s’est fait sa propre idée. Et elle n’est pas belle du tout. La désaffection politique dont tout le monde parle sans cesse, cette perte de confiance et de respect envers ceux qui ont le pouvoir, elles sont aussi là, très visibles. Et qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on dit ? Rien.
mercredi 15 décembre 2010
La testostérone du jardinage
Une nouvelle machine est en train d’envahir les campagnes. Non, ce n’est pas un des ces tracteurs bulldozer américains de 5 mètres de haut, bourrés de chips et de senseurs électroniques qui labourent et évaluent tout ce qu’il faut savoir sur les demandes de la terre en eau et en engrais, en passant par le satellite s’il vous plait. Ce n’est pas, non plus, la machine miracle qui permettra aux agriculteurs d'arrêter de jeter leur lisier au bord des rivières, juste à côté de la route, comme ça se fait encore partout, rien que pour montrer qu’ils font ce qu’ils veulent et qu’ils vous emmerdent et qu’on n’a pas intérêt de leur dire quoi que ce soit. Cette machine est beaucoup plus humble et elle est déjà au point: c’est l’aspirateur /souffleur de feuilles mortes. Et ça fait un boucan pas possible ce bordel.
Avant, à la campagne, les feuilles n’étaient pas un problème. Les gens ne s’embêtaient pas trop avec ça car il y a des arbres partout et le vent se moque totalement du périmètre de votre jardin (si vous avez un périmètre d’ailleurs). Soit vous laissez les feuilles sur place et elles protègent ce qu’elles recouvrent par temps de gel (et procurent un abri à des milliards de petites bêtes comme les coccinelles donc pas besoin d’acheter ces abris ridicules qu’on essaye de nous fourguer pour faire gentil, moi je veux bien mais 15 euros pour des coccinelles quand on a des tas de bois dehors c’est irréel). Soit vous prenez votre courage à deux mains et vous achetez un des ces râteaux Fiskars magiques qui ont révolutionné la corvée des feuilles mortes : plus larges, plus légers, plus rapides.
Mais les modes citadines sont si puissantes qu’elles envahissent les petits villages et les campagnes. Tous les magasins de bricolage vendent ces machines qui soufflent et aspirent les feuilles mortes en un temps record, certains les transforment même instantanément en mulch. Avec tous les insectes qui sont passés à la broyeuse, on n’arrête pas le progrès. Le problème, c’est que tout le monde s’y met, croyant accompagner ce progrès, et dans certains endroits, le samedi, c’est un concert de tondeuses et de souffleurs.
Je n’ai pas à me plaindre de ça, à la campagne, ça reste encore minoritaire. Après tout, on est à la campagne et chacun fait plus ou moins ce qu’il veut. Mais je commence à entendre ce bruit. Et le son qui accompagnait cette belle période de l’année, le bruit du râteau sur le gravier, le silence des aller – retour de la brouette vers le compost pour y déverser les feuilles mortes, tout ça est désormais sur le point de disparaître. Comme l’automne dure longtemps et que les feuilles des arbres ne cessent de tomber à des moments divers (les chênes étant les derniers à perdre leurs feuilles), ce sont des semaines et des semaines de souffleur qui sont nécessaires pour que le jardin ne supporte plus la moindre petite feuille morte. Une catastrophe écologique, encore provoquée par le commerce.
Un article génial du New Yorker du 25 octobre dernier expose les proportions absolument débiles que prend ce phénomène aux Etats-Unis (et probablement en Angleterre aussi). Le jardinage est une occupation merveilleuse qui nous permet de nous entendre penser. On est là, dans le silence de la nature, à écouter les petits bruits du jardin et la rumeur de l’agriculture au loin. But not anymore. Tous les week-ends désormais, c’est la symphonie des souffleurs de feuilles et des tondeuses qui se répondent de jardins en jardins. Ce bruit est le dernier joujou symbolique de la puissance du jardinier viril. Plus ça fait du bruit et plus il est macho. Les hommes ont leurs jouets et celui-ci fait encore plus de bruit que les autres. C’est un bazooka à feuilles. Le jardinage n‘est plus le moment du silence, c’est celui du jeu. Il y a le coin barbecue pour jouer à la dinette du riche. Une terrasse pour faire le bobo qui agrandit sa maison. Il y a la piscine pour jouer au riche tout court.
Le problème, c’est que ce jouet a des règles et les hommes trichent au jeu. Normalement, l’aspirateur de feuilles vous permet de les amener plus rapidement à la déchèterie ou à votre propre compost (c’est mieux). Mais si vous vous êtes flemmard, vous vous amusez surtout à pousser les feuilles de votre jardin chez le voisin, qui vous renvoie à nouveau vos feuilles avec les siennes et tout ça finit en conflit de voisinage. Ah, ces hommes.
L’article de Tad Friend m’a surtout passionné pour 3 choses. D’abord, je commençais à me demander si je devenais con de penser que cet outil avait été créé par le diable. Je vois que je ne suis pas le seul, thank god. Ensuite, je me posais la question: OK, c’est pas écologique (ça marche à l’essence ces trucs), mais ça serait pas dangereux aussi ? Bingo. En fait, avec les feuilles, ces engins remuent des trillions de particules de tout, de pourriture, de germes, de microbes, d’endotoxines, de composés organiques et des crottes de chien – ou pire. On est en plein Little Britain : « Dust, anyone, dust ? ». Aux USA, ils ont réglé le problème en employant les Latinos pour faire le boulot, comme ça ce sont eux qui avalent toute la merde, et des fois on ne leur donne même pas le masque, le casque antibruit et les lunettes de protection. C’est pas cher payé en plus.
Mais ! Toute cette poussière ne tombe pas seulement sur les Latinos: elle va partout. Elle pénètre dans la maison, elle se dépose sur le potager, bref, le jardin pollue à partir de ses éléments naturels, ce qui est un comble. On remue la poussière et on étend le risque non seulement à son jardin mais aussi à celui des autres, super ! Vous avez de l’asthme, je vais vous aider ! Vous me voyez en train de dire à mon voisin par dessus la haie : « Heu, vous savez que vous êtes en train de m’envoyer des particules de caca de votre chat dont je me passerais bien parce que c’est pas parce que je suis un séropo avec une charge virale indétectable et un système immunitaire vraiment top que j’ai pas envie de me choper une toxoplasmose ou pire encore ». La tête qu’il ferait.
Aux Etats-Unis, il y a déjà des viles qui interdisent l’usage des souffleurs / aspirateurs. 24 dans l’état de Californie. Mais voilà, là-bas, l’état de la pelouse est un signe social très important, c’est quelque chose qui doit être nickel pour appartenir au tissu communautaire. Une pelouse mal entretenue devant la maison et c’est tout le quartier qui vous montre du doigt au supermarché comme si vous aviez pris en otage toute une maternelle avec deux sabres ! Cela me rappelle un article que j’avais lu et découpé (bon je le trouve pas aujourd’hui tant pis et je ne vois pas sur Google) sur les municipalités américaines qui interdisent formellement aux propriétaires de jardins de les laisser un peu sans entretien. Même si les proprios veulent rendre leur jardin plus écolo, laisser quelques mauvaises herbes pour abriter une certaine faune, c’est interdit. Dans le cas des souffleurs / aspirateurs, il sera difficile de créer une culpabilité sur le bruit. La machine de référence, le StihlBR-500, qui ne fait pas beaucoup de bruit, coûte 469$. Mais l’engin juste à côté, qui n’a pas de réduction sonore, est deux fois plus bruyant et il coûte pratiquement pareil (juste 40$ de moins) et il est 33% plus puissant. Les jules jardiniers veulent de la puissance entre les mains. C’est un peu comme si c’était un remplacement phallique, vous voyez ? Le problème du bruit, on verra plus tard. L’article du New Yorker le rappelle très bien : après tout, le bruit est une arme. On a utilisé des chansons de Britney Spears pour faire craquer les prisonniers de Guantànamo.
mardi 14 décembre 2010
Bisounours et Musique de bear
J'ai un ami, Yves, qui est un fan de house et qui est un bear, un homme qui aime les hommes nounours. Comme c'est le phénomène gay le plus important des dix dernières années et que ça débouche aujourd'hui sur les hipsters et surtout tous ceux qui sont ni bear no hipsters mais qui ont envie d'être gay d'une manière indépendante, on a souvent discuté, entre nous, du pourquoi et du comment de la daube musicale qui passe dans les clubs gays, et surtout les clubs de bears.
On aurait pu penser qu'un nouveau look, une nouvelle philosophie (on est des bears et on n'a pas besoin de bouffer des stéroïdes au petit déjeuner et si on a du ventre ben c'est comme ça, casse toi si t'es pas heureux) ou un état d'esprit plus drôle amènerait vers une ouverture musicale dans les clubs de bears. Ben non. J'en suis à mon millième message de copains qui sont bears et qui vont dans ces clubs pour se trouver face à une musique robotique même pas moderne, une ambiance triste et des mecs qui se regardent danser encore plus que les gym queens. Paradoxal, non? Et le pire, c'est que si on a le malheur de dire quoi que ce soit sur ça, les organisateurs de soirées vous envoient des fatwas pas drôles du tout.
Voici donc le témoignage de Yves.
Depuis 2003, on a vu le mouvement "OURS" arriver en France. Des boites, des bars ont organisé des soirées "OURS". Le mouvement s’est étendu dans toute l’Europe.
Et comme le milieu "OURS" fonctionne, et que la barbe est à la mode, on a vu les gays "s'oursiser".
Depuis 3 ans le phénomène s’amplifie : des fêtes "OURS" apparaissent partout, enfin pour rester branché, il faut dire des fêtes "BEAR".
Ces fêtes sont fréquentées par des ours, de moins en moins représentés (il n’y a pas assez d’ours en France pour remplir tous les bars et les fêtes "BEAR"), et par une majorité de candys et de candys poilues (des gays "average" qui se sont laissés pousser la barbe).. Ces candys étaient JPG, ou techno il y a quelques temps, aujourd’hui elles se précipitent sur le mot BEAR (Mouss Bear, Bear mix, Beardrop, Bear factory, BearKamp, etc etc) sans pour autant être assimilable à la culture ours.
Mode d’emploi
Dans une soirée BEAR, on peut se livrer à 3 activités (comme dans toutes les soirées gays) :
1. Discuter avec ses potes.
2. Draguer les gars présents
3. Danser
Quand je suis célibataire je pratique les 3, quand je suis marié je me restreins à la 1 et la 3.
Dans tous les cas, la 3 est super importante, car danser est un plaisir, et puis si la 1 et la 2 sont moins bonnes, on peut toujours se rabattre sur la 3.
La 1 et la 2, on peut les faire ailleurs que dans une soirée. La 3 c’est ici et nulle part ailleurs. Je danse d’une manière assez particulière, comme un plantigrade, ce qui fait que les candys m’imitent souvent pour se moquer de moi. L’OURS que je suis méprise alors les candys.
Une coterie de quelques DJ's commence à truster toutes ces fêtes. Ils sont bons dans leur genre, c’est sûr. Mais leur genre, c’est UN seul type de musique.
Ces DJ's ont tous des CV interchangeables, ils proclament une culture pop-rock à faire pleurer Philippe Maneuvre (ça coûte rien de l’affirmer, ils n’en passent jamais), puis ils mentionnent un passage par une fête ou bar techno dont personne n’a entendu parler (ça fait branché) et qui les a éclairés sur la route du son pointu. Ensuite, ils nous assurent tous qu’ils délivrent des sets qualifiés par les mots « puissant », « envoutant », « festif » (même pas honte). A vous de choisir. Certains garantissent même d’enflammer le dancefloor. Ces DJ's se retrouvent dans toute la France car certaines de ces fêtes exportent leur franchise (la BEARDROP par exemple).
Pour ces DJ's, il y a un mot qui est une insulte, c’est : RADIO.
Ca veut dire quoi, radio ? Des morceaux dansants qui passent aussi sur NRJ, FUN, SKYROCK, NOVA, LEMOUV etc. Vue l’étendue des genres musicaux de ces radios, on comprend déjà l’ineptie du raisonnement. Pour eux, radio c’est caca, il faut passer des morceaux électroniques, vendus à 500 exemplaires en vinyle. J’ai même vu sur le soundcloud d’un de ces DJ's un autre confrère mettre en commentaire : « prise de risque ? » parce que le gars commençait par un remix de « Ta douleur » de Camille. Comme quoi, quand ça chante, qu’il y a une MELODIE, que plus 5% du public peut connaitre le morceau, c’est risqué. Pour qui c’est risqué ?
Il me semble qu’une position intermédiaire est possible.
Depuis 3 ans, je m’ennuie dans les soirées (mais pas dans les boites). Et depuis deux ans, j’ai un mari, qui s’y ennuie autant que moi. Car la musique qu’on entend dans ces soirées est invariablement la même, de la « housetekelectrodeepprogressive », je les colle tous ensemble car le résultat est un son triste, sans vocaux ou presque sans, garni uniquement d’effets électroniques, parfois péchu, sur deux rythmiques : tribal ou tek.
Ce son (pour parler comme eux, ils sont au moins lucides, ils ne font pas de la musique) distille un ennui profond. Il n’est absolument pas festif, pas euphonique. Un indicateur évident est quand même le nombre de danseurs.
Pour eux, un DJ c’est un passeur de morceaux, un fabricant de son, le fait qu’il y ait un public à faire danser ne les concerne apparemment pas. Ils prétendent le contraire mais pour les avoir vu à l’œuvre, ils regardent rarement leur public. A contrario, j’ai un pote DJ (pas pointu) qui s’acharne à faire danser même ceux qui restent au bar dans sa boite, et quand il perd des danseurs, ça le mine, même s’ils sont juste allés pisser.
En tant que client qui paye ses consos et qui vient pour s’amuser, je me dis que j’ai droit AUSSI à ce que DJ prenne soin de moi.
Pour citer quelques exemples :
• à Marseille j’ai vécu une soirée "OURS" (où passait entre autres le DJ qui « enflamme le dancefloor »), dans une boite assez pleine où seulement DEUX candys et le barman dansaient.
• à Nimes j’ai été plusieurs fois à la même soirée où à peine 10% des gens présents dansent.
• à Toulouse, dans un bar bondé, j’ai vu un seul gars danser sur ce son et deux candys taper du pied, jusqu'à 2H du matin (j’ai supporté que jusque là), alors que j’ai passé dans ce même bar tout aussi bondé des soirées entières à m’éclater.
A chaque fois mes potes gueulent le lendemain : « On s’est bien amusés entre nous mais musique à chier ». Car mes potes ont de la mémoire :
• on s’est super amusé à l’Esclave (Avignon) avec l’invasion des ours de Toulouse, où des moments d’anthologie ont été vécus sur du R&B mais on n’a jamais eu envie de faire les connes à la Beardrop (Marseille, Toulouse, Paris).
• On s’est fait méga-chier à la Mékanik (Nîmes) le 31/12/2009 de 0H30 à 3H00, où le DJ qui fait des sets « puissants » était à l’œuvre. C’était tragique, le réveillon où tout le monde était remonté comme des pendules, où tout le monde était à donf, c'était triste. A 0H30, venus d’un réveillon super chaleureux entre amis, on s’est retrouvés dans une ambiance glauque et plombée. Les années d’avant, on a souvent fini à la boite gay locale où on s’est toujours amusés.
Ce qui est en cause, ce n’est pas la nature de leur zique (enfin pas tout à fait), tous les goûts sont … etc. Ce qui est en cause, c’est le fait qu’ils imposent UN seul genre de musique durant des heures. J’aime aussi le R&B, mais des soirées entières de R&B me gaveraient, c’est pareil pour la house, le ragga, l’electro, le reggae, le rap.
Dernièrement, je suis retourné dans la boite gay de ma ville, à la programmation variée, une chose m’a frappé : tout le monde souriait en dansant - et j’ai rarement vu les gars sourire dans ces fêtes. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder les photos sur leur site ou sur Facebook, les photos des pistes de danse sont très éclairantes. En plus, ils ont la fâcheuse habitude de se prendre en photo entre eux (car ces DJ s’aiment), dans beaucoup d’albums on voit plus les organisateurs que les participants...
Alors j’ai fait le kamikaze, en écrivant ce texte et en mettant les liens vers les sites. Pas pour me payer ces gens, mais juste pour leur dire, "pointu" est-ce synonyme de chiant ? C'est obligé ? Dans la même génération de DJ's, il en a qui ne sont pas "radios" mais qui produisent pourtant un son festif et euphonique (Emello, Maxime Dangles). Alors pourquoi ne pas vous en inspirer et essayer, par exemple, d’arrêter de penser qu’un set doit forcément commencer par « BOUM BOUM ».
A la Madbear 2010, j'ai rencontré le boss du bar à ours de Toulouse où se sont produites les Beardrop (before & after) et la Summerbars et la Bearfactory et ça m’a permis d’apprendre que ces DJ's sont apparus de rien et qu’ils viennent d’une scène très centrée sur leur musique. Bref, ils sont pris pour animer des bars sans savoir que la clientèle d’un bar n’est pas monolithique. J’ai même entendu la phrase « ‘Y’ est bon quand il mixe avec un autre ». Quand on sait que ‘Y’ est l’organisateur des évènements cités….
Donc même les organisateurs se rendent compte de l’inadaptation de ces DJ's sur les scènes où ils débarquent. Ca va peut être changer. (On me dit aussi que le DJ marseillais « au son tribal envoutant » a passé Dalida lors de la dernière soirée « candys poilues » marseillaise….)
Si ça ne change pas, je continuerai à sortir dans les vrais endroits OURS, et plus dans ces fêtes, ce que font déjà une partie de mes potes OURS. Je rentrerai dans ma caverne et j’irai m’amuser dans les pays étrangers, parce ces DJ's trustent les fêtes locales mais pas plus….
mardi 7 décembre 2010
Fuckyoufuckyeah Halperin
So Ms Whoever is coming to Paris to promote her new book on how-to-spend-a-lifetime–and-make-some-dosh-rambling-on-about-Foucault.
And the talk about town is that most of the contents of « Que Veulent Les Gays » is taken from works already published by Didier Eribon, David Halperin’s comrade in arms.
Jeeeeeez. Foucault is so boring. The vultures around Foucault are many on these shores and we have a long history of trying to dismiss this kind of neo-philosophical shit. We’ve been doing it for more than 2 decades now. And we see all those queens playing with the remaining corpse of a man gone a long time ago. Foucault died, out as a queen but with AIDS still in his closet. But hell, that’s no problem for those who want to use his ideas to describe an AIDS epidemic he never, (unlike we, the poor HIV survivors) got to experience. So they play with the stuff Foucault never said about the virus which can be best described as : (…). One day they take a bone and play with it, the next they choose some finger nail in the coffin.
Foucault was at the origins of AIDES – the biggest Aids group in France – which had more in common with GMHC than any social work by the great man, but it still looks good, on paper at least, that his partner in life, Daniel Defert, started the group way back in 1983.
For the first 20 years of AIDS in France, Foulcault hovered like a dark angel over AIDS activism, even if Act Up managed to zap that heritage with a single demo. Foucault suddenly became the refuge of old closet cases. Act Up was where it was at for the new breed of out-as-hell youngsters.
My view of his painful legacy is that you can live and strive and create and be BETTER without reading this shit. Foucault is for suckers.
We have had to prove that gay life, gay culture per se, could escape this freaky old man, a man who didn’t have the guts to tell the world he had HIV, even when everybody knew he was spending his nights in bathtubs of piss in the sex-clubs of the world. He was open about the piss but in denial about the virus – something was clearly wrong there as far as I was concerned.
And this original denial was, I think, the origin of a lot of compromised thinking at AIDES. It was all based on the PC concept of not being judgemental. You know, dowhatchalike, but don’t talk about it. It never sounded philosophically valid to me, and not very queer-studies either.
So we have had to live with this bollocks for more than 20 years, and the feedback from abroad has been huge. Some prat even wrote a book about making Foucault a hero because it’s just so clever to call somebody a saint when really he’s a traitor. But this, of course, is the way that money is made.
You see, some guy becomes famous from selling a dumb idea and there’s nothing you can do about it. Otherwise we would have put Milli Vanilli in The Simpsons after their first song instead of wasting all this time on them only to find out that they were a sham.
For 20 years, Foucault was the basis of Stupid AIDS as I call it, but for the last 10 years, he has been the backbone of Relapse (wave 1), Bareback (wave 2) and What The Fuck Happened To Gays ? (wave 3). And Halperin, who has been waiting out Waves 1 & 2 like a silent troll, is coming back at us now to spearhead Wave 3. His latest book is just another message telling us to chill, telling us that risky sex is just part of our nature, that we have to grow with it and enjoy it because there’s no way we can change our poor selves.
I’m not here to discuss the pros and cons of David Halperin's ideas. I think they’re all bollocks. Even the references he chooses in this book are pathetic. Digging up a beautiful / seminal but totally outdated text by Michael Warner from… 1995 to explain what’s happening in today’s gay sexuality is just so very very lazy. Everybody already knows this paper, we’ve been discussing this for such a long time. And so many other books have already gone so much further in explaining what’s going on in our dirty little minds when we fail to use a condom. People like Halperin write books about AIDS and risk-taking but they don’t know shit about the data, trials, and epidemiology – the real stuff that’s happening right now. Halperin rises high and pretends to look down on us all, but the only thing he grasps is thin air. DON’T talk to me about bareback when you don’t even know your numbers.
And don’t fuck with Genet either, because Genet has nothing to do with AIDS. And don’t play the cheap card of summoning up the legacy of some goddess from Mesopotamia who had nothing to do with AIDS either.
If you want to explain mitochondrial stuff using Alexander the Great, be my guest. If you wanna enlighten us on HVC with Jouhandeau, we’ll have a giggle with you. If you think CCR5 rhymes well with Sartre, well you’re just being a silly old git. But don’t you dare start preaching your sloppy ideas on AIDS, a field you don’t master.
What you are really trying to do is convince people who got HIV in the last 10 years that’s it all OK. You’re trying to gather around you all the gays who got HIV when they should have known better. They need your support, they need people like you who will tell them that it’s no sweat, that they were just being gay and real. You’re trying to tell them that they should not feel ashamed when shame is such a terrible thing for we gays.
Well, shame defined my – and David Halperin’s – generation. We grew up with serious hang-ups about being gay. And most of us managed to shake it all off and start Gay Lib movements and then AIDS movements and show just how much you can do that is great when you’re OK with your sexuality. But shame is back in this new century. The new shame is the one that gay people feel when they acknowledge that they wouldn’t be newly-HIV positive if they hadn’t fucked up their lives, their health – and sometimes, and that’s the worst part – somebody else’s life and health.
So this is all logical. Foucault was ashamed of AIDS. We managed to scrub that, without your help. Now a second wave of shame is upon us and books like David Halperin’s are trying to convince gays that it’s all OK, that risk taking is part of the gay way of life, that we simply have a self-destructive nature.
TasP, PreP, and microbicides won’t alter that shame. Barebackers are making the pharmaceutical industry fatter. It’s not AIDS making Gilead or Glaxo richer, it’s the barebackers. We, as gay men in rich countries, fuel the AIDS epidemic and enable the industry to have a party. This is the shame that’s upon us right now and it’s gonna grow, even if the treatments are easier to take (they are), even if they’re more efficient (they are), even if they are one pill a day (they are). David Halperin and all these guys who tell us that risk taking and forgetting condoms is part of our psyche feed the AIDS industry.
So there’ no philosophical bent here, no Genet, no Jouhandau, no what-ever-the-fuck French author you’ve decided to mess with today.
We don’t give a fuck about your crazed logic.
We love Genet enough that we won’t let you to stamp your dirty name on it. Your book is ultimately about nothing more than enabling gay people to feel good about being traitors to everything that we have achieved in AIDS over the last 30 years.
David Halperin did fuck-all to fight AIDS.
Queer studies did fuck-all to fight AIDS.
And not only did they do nothing to help people when the drugs were still nowhere to be seen, they didn’t even jump on the bandwagon when others did start the fight.
But now they’re ready to join in. Gilead, Glaxo, here they come! They love what you’re doing! Put them on board, PLEASE!
Thanks to Nick Alexander for better slang.